Comment l’Australie n’est pas devenue française – Part 2
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Louis de Saint-Aloüarn avait presque réussi à s’emparer de l’Australie en 1772… Le deuxième round des expéditions en Terre Australe démarra treize ans plus tard à bord de La Boussole et de l’Astrolabe, avec Jean-François de Galaup, comte de La Pérouse, à leur commandement.
Décidément, le monde suivait les pas de James Cook. Louis XVI, fort de ses solides connaissances en géographie et déterminé à montrer ce que la France avait dans le froc, avait bien eu envie d’organiser son expédition autour du monde. Il nomma La Pérouse à la tête de l’opération et à côté de son nom ajouta ceux d’astronomes, mathématiciens, naturalistes, médecins, et météorologues (pour faire court).
Les préparations s’organisèrent avec la plus grande minutie et allèrent jusqu’à copier les méthodes de navigation et de cartographie de Cook dans l’espoir de le surpasser. L’expédition se transforma en véritable opération humaniste et stratégique.
Un timing serré pour l’équipage français
Le 1er août 1785, les navires de La Pérouse quittèrent Brest. La flottille navigua bon train, complétant les cartes et naviguant dans des eaux inconnues, et atteignit Kamtchatka en Russie en septembre 1787. Il reçut alors des informations provenant de France : l’Angleterre avait débuté son entreprise de colonisation du Pacifique.
En mai, la Première Flotte avait quitté le pays avec une armada de onze bateaux transportant ses prisonniers en direction de Botany Bay. Louis XVI chargea La Pérouse de s’y rendre afin d’établir un rapport sur leurs activités. Le 24 janvier, La Pérouse, prêt à mettre l’ancre sur la côte australienne, fut retardé par les bateaux du Capitaine Phillip qui déménageait sa colonie à Port Jackson.
Deux jours plus tard, ils débarquaient à Botany Bay et Arthur Phillip plantait l’Union Jack dans le sol stérile, coriace, de l’Australie.
Chaleureusement accueilli par les Anglais, l’équipage resta six semaines à terre puis mit les voiles vers l’est le 10 mars pour disparaître dans le Pacifique.
L’Australie à deux doigts d’être française ?
Nombreuses sont les personnes qui s’imaginent encore que si la flotte de La Pérouse avait réussi à atteindre Botany Bay avant les Anglais, l’Australie serait française.
Toutefois, le projet de campagne de Louis XVI était clair et il n’avait jamais été question de réclamer l’Australie pour la couronne.
Les buts principaux étaient le commerce (la fourrure au nord-ouest de l’Amérique et la pêche à la baleine au sud) et la reconnaissance (compléter les cartes de la côte Nord-Ouest de l’Amérique, des mers du Japon et des îles Salomon notamment).
En 1787, il était de notoriété mondiale que les Anglais étaient déjà sur le coup. Réclamer le territoire à leur place aurait, d’une part, été sacrément gonflé mais, surtout, une grave erreur diplomatique. Et puis ce n’était pas le style de La Pérouse, réputé pour ses qualités humanitaires (il avait refusé de saisir Hawaï argumentant que l’île appartenait, à juste titre, à ses habitants).
L’expédition de mastodonte fomentée par le Roi de France était une œuvre bien plus globale, unissant science, gloire, diplomatie et commerce aux quatre coins du globe.
Une tension franco-anglaise
En 1789 la Révolution Française éclata et le mystère de la disparition de La Boussole et de L’Astrolabe n’était toujours pas résolu. Alors que les relations franco-anglaises se détérioraient, les Français ne trouvèrent rien de mieux à faire que lancer des rumeurs tenant les Anglais pour responsables du sort de leurs compatriotes.
L’expédition de recherche de d’Entrecasteaux, lancée en 1791, fournit quelques indices mais il fallut attendre 1827 pour que le mystère soit levé : pris dans une tempête, les deux navires avaient échoué sur les côtes de Vanikoro (Iles Salomon).
Entre-temps, Louis XVI s’était fait décapité, et le comte de La Pérouse était devenu une légende.
Et vous, connaissiez-vous cette histoire ? Que vous inspire t-elle ?
1. Atlas du voyage de La Pérouse, published in 1797, via Migration Heritage.
2. Louis XIV giving final instructions to the Comte de La Pérouse, via the State Library of NSW.
3. Full-length picture of the dashing Jean-François de Galaup, alias Comte de La Pérouse, via the Hunt Institute.
4. The Boussole and the Astrolabe at sea, via laperouse.info.