Saint-Germain-des-Prés, le quartier général des artistes français – Part two

Laure Van Ruymbeke - 13.05.13 - www.MyFrenchLife.org

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Après la Libération, Saint-Germain-des-Prés se met au jazz, à la chanson, au théâtre et sert de décor au cinéma français.

Des figures mythifient le quartier qui se transforme dès les années 60 en quartier de “fils à Papa”.

Vian, zazous et existentialistes français

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Dans son ‘Manuel de Saint-Germain des Prés’ (1951), Boris Vian rend hommage à ce quartier, centre de bouillonnement intellectuel et artistique qui voit défiler des figures mythiques chaque jour (Sartre, Simone de Beauvoir, Simone Signoret, entre autres).

Il nous balade avec talent et légèreté dans les ruelles et nous présente, au second degré, les sous-sols, ces “caves à zazous” rassemblant les férus de jazz et de swing, au style décalé et provocant, durant la période Vichy.

Vian nous conduit dans les endroits fétiches des noctambules et existentialistes, à commencer par le Tabou, “véritable sanctuaire de la nouvelle génération”.

Cette cave, rapidement transformée en “centre de folie organisée”, accueillait musiciens, photographes, couturiers et autres acteurs habitués, partageant le désir de faire la fête jusqu’à l’aube, plongés dans un nuage de fumée. Le Tabou, cependant, n’a pas résisté aux plaintes régulières des voisins de la rue Dauphine et a fermé après un an d’activité intense.

Gréco, muse de Saint-Germain-des-Prés

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Logeant près de Saint-Sulpice, Juliette Gréco découvre très jeune le monde chaotique de Saint-Germain. Elle fait quelques apparitions au théâtre avant de se lier d’amitié avec Vian, Sartre, entre autres figures d’exception.

Elle lance la mode du noir et du blason, du chandail et du pantalon, et s’essaie à la chanson. Elle devient une habituée du Tabou, partagée entre musique et discussions philosophiques. Elle incarne à la perfection l’esprit enchanteur de Saint-Germain, ce quartier qui l’a modelée, inspirée, inventée…

Dans son appartement rue de Verneuil, elle accueille Serge Gainsbourg intimidée et lui fait connaître ses chansons. Celui-ci y élit domicile à son tour, au n°5 bis.

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Elle interprète également les chansons d’auteurs alors inconnus : Brel, Ferré, Guy Béart, Brassens et des poètes : Queneau, Desnos, Sartre, Pévert, Mauriac. Une vie au jour le jour, scandaleuse pour certains, admirable pour d’autres. Une vie à l’image de son quartier, dont l’intensité est synonyme d’éphémère.

L’après-Gréco : Saint-Germain et le cinéma français

Adulé par les cinéastes, le quartier de Saint-Germain est volontairement choisi pour raconter des histoires au cinéma. Dix ans plus tard, le Saint-Germain de Gréco semble bien loin.

Chez Douchet, Saint-Germain est représenté de façon ironique. Dans ‘Paris vu par…’ (1965), il nous emmène faire une promenade touristique dans ce quartier qui joue sur les apparences. La séquence d’ouverture se plaît à nous faire découvrir le quartier par ses monuments historiques, entre l’Ecole des Beaux-Arts, l’Ecole des Sciences Politiques, l’Institut de France, l’église Saint-Germain, entre autres.

Puis, avec ‘Nadja à Paris’ (1964), Rohmer marque la distinction entre ces deux époques, de même que le fera Jacques Baratier dans son documentaire, ‘Voilà l’ordre’ (1966). Ce dernier nous montre le visage du Saint-Germain des sixties, ce quartier bohème devenu bourgeois, troquant excès artistiques et insoumission culturelle contre une absence d’authenticité et un air de faux-semblant.

Aujourd’hui, dans ce quartier de la Capitale française

Annoncé par les cinéastes des années 60, le quartier semble regretter la philosophie de Sartre, le jazz de Vian et les chansons de Gréco. Les cafés tentent de garder leur esprit d’antan, en décalage avec la réalité d’aujourd’hui, comme pour conserver un charme disparaissant jour après jour.

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Il s’agit désormais d’être vu et l’oeil observateur remarquera des célébrités se promenant dans le quartier ou prenant leur café en terrasse. Fini les caves à zazous, les discussions enflammées du Lipp et les rencontres fortuites… Le luxe s’est propagé dans ce quartier, de Dior à Louis Vuitton et, s’il garde un semblant culturel, rien ne sera plus jamais comme avant.

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Références :
1. Exposition virtuelle sur Sartre à la Bibliothèque nationale de France.
2. Site sur Saint-Germain-des-Prés.
3. Gréco-Mouglalis, âmes soeurs, par Le Figaro Madame.
4. Paris : La fin de Saint-Germain-des-Prés, par Marianne.
Crédits images :
1. Jean Paul Sartre, Boris Vian, Michelle Vian & Simone de Beauvoir au Café Procope, 1948. Source inconnue.
2. Le Tabou, 1947, par Robert Doisneau.
3. Juliette Gréco, par Georges Dudognon.
4. Juliette Gréco et Miles Davis “Be-bop en cave à Saint Germain des Prés” par Robert Doisneau, 1951.
5. La terrasse du Café de Flore, par Robert Doisneau, 1955.

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Laure Van Ruymbeke

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