'My French Identity' ne me quitte pas

Julie Gourichon, 28/10/2011

La France, d’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu la quitter. Depuis ma tendre enfance, j’ai répété à qui voulait l’entendre que je ne vivrai pas ici. Que je partirai pour d’autres horizons, pour rencontrer d’autres cultures et apprendre de nouvelles langues. La France me semblait fade et sans saveurs. Je rêvais d’immensité. Les États-Unis et le Canada, l’Inde, la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud, la Chine…je ne voulais pas rester en place. Je ne le concevais pas et c’est un peu toujours le cas.

Depuis l’entrée au collège (10ans), je me concentrais sur l’apprentissage de l’anglais. Parler une langue étrangère m’a toujours fasciné et pour moi, c’était une porte de sortie de cette France que je n’appréciais pas. Ma passion pour le voyage ne s’est jamais atténuée. Je voulais quitter la France, une bonne fois pour toute.

En 2009, je suis partie vivre en Autriche, à Vienne pendant 6 mois pour terminer mes études. Une super université internationale où j’ai pu perfectionner mon niveau d’anglais. Une énorme opportunité que j’attendais depuis très longtemps. Je suis partie le cœur léger en balayant d’une main la vie française qui avait été la mienne. Et pourtant…là-bas, ma nationalité me distinguait. Les gens voulaient en savoir plus sur Paris, la cuisine, la culture. J’aurais aimé leur dire que j’étais sûrement la plus mauvaise ambassadrice mais je me sentais, malgré tout, assez fière. Quand on est loin de son pays d’origine, on recherche la moindre trace qui nous rappellerait d’où on vient. Une conversation échangée dans le métro. Une image. Un film. Finalement, on se rend compte que notre origine fait partie de notre identité. J’aurais pu dire “My name is Julie and I’m 21. I am a student in Tourism and Hospitality” mais en fait, je disais “My name is Julie and I’m French.” C’est comme ça que je me distinguais et que je me définissais. Alors que j’avais tant essayé de gommer cette part de ma vie, elle réapparaissait à la moindre occasion. Et pire, c’est moi qui y faisait appel.

Toutefois, mon envie de voyage ne s’atténue toujours pas. D’ailleurs, je suis en Amérique du Nord pour un roadtrip depuis deux mois et j’étais assez heureuse de quitter la France. Je vois ça comme une grande bouffée d’air frais. Pourtant, je sais que ma french identity ne me quitte pas. Après le voyage, ce qui m’anime est l’écriture et malgré ma passion pour la langue anglo-saxonne, je ne peux écrire en anglais. Le français m’est beaucoup plus confortable. Je sais quels mots choisir pour décrire un sentiment ou une situation. Et je trouve ma langue maternelle magnifique. Même si je devais vivre dans un pays qui n’est pas le mien pendant 20 ans, je ne cesserai jamais d’écrire en français.

Pour l’instant, je suis encore jeune et j’ai la vie devant moi. Je ne sais pas où je passerai ma vie. Je ne sais pas si je resterai en France ou si je vivrai à l’étranger. Mais une chose est certaine, je suis française et ça fait partie de mon identité, de ma personnalité. Et ça finalement, je veux bien l’accepter.

Julie says…”I used to introduce myself as a little French girl travelling around the world with a big smile on my face. Actually, I’m 23! I studied Tourism and Hospitality at university. But I really love writing, mostly in French. I hope to finish my first novel in in 2012. I dream of living abroad. My French Life™ has shown me my own country with new eyes. “

 

If you would like to join our team of Contributing authors, photographers and very talented people who live all around the world, then send me a message info@MyFrenchLife.org

About the Contributor

Julie Gourichon

Share This Story, Choose Your Platform!

8 Comments

  1. Guylaine Simone Gamble Nov 9, 2011 at 10:23 AM - Reply

    Bonjour Julie, qu’est-ce-que ça veut dire “être française?” pour toi ? j’ai bien aimé te lire!

  2. Emmanuelle Tremolet Nov 9, 2011 at 1:57 PM - Reply

    Comme toi Julie, j’ai toujours voulu partir. Aujourd’hui je suis en Australie. En étant à l’étranger, je me suis apercues que j’étais très très française.J’ai décidé d’apprendre tous les jours à être un peu plus australienne dans tous les aspects positifs que peut m’apporter ce pays et peut être un peu moins française sur certains aspects. Pas facile du tout mais c’est aussi ça s’adapter à un pays. A bientôt. Un grand merci pout ton article.

  3. Julie Gourichon Nov 10, 2011 at 4:19 AM - Reply

    Quand j’étais plus jeune, je pensais que ce n’était qu’une nationalité parmi d’autre. Une sorte de tampon sur ma carte d’identité. Je me disais “j’aurais pu aussi bien naître en Afrique ou encore en Asie”. En fait, ce que j’ai réalisé plus tard, c’est que l’endroit où l’on naît, les traditions dans laquelle on baigne, la langue et la cuisine nous forgent et font partie intégrante de ce que l’on aime, fait et est.

    Aujourd’hui, pour moi, être française, c’est un peu essayer de redorer le blason des français à l’étranger. Je voyage beaucoup et je m’aperçois parfois que les préjugés ont la tête dure. Alors, je fais la cuisine, je m’intéresse aux gens, je parle de nos habitudes, de nos problèmes de sociétés aussi. Je m’essaie à la tolérance et à l’ouverture d’esprit. Pour moi, c’est être française.

    La dernière fois, j’ai gagné une petite bataille. Au Canada, nous avons rencontré une personne qui nous a dit “Vous êtes français? Oh mais vous êtes sympas!!” Et oui, des français sympas, ça arrive.

    J’espère que j’ai répondu à ta question 😀

  4. Guylaine Simone Gamble Nov 10, 2011 at 8:30 AM - Reply

    L’impact du tampon culturel, de notre enfance et de nos racines sur notre identite est incontesable…. je m’en rend compte aussi de plus en plus… a tout prix s’éloigner des stéréotypes et préjugés, comme tu dis et être soi-même! Merci et à bientôt de te lire! 🙂

  5. Campy Nov 13, 2011 at 7:35 PM - Reply

    Merci Julie pour ton article, tu as su mettre en mots ce sentiment que je partage depuis que je vis à l’étranger (Espagne, Angleterre, Australie). Je me sens française plus dans le sens culturel du terme que dans le sens nationaliste du terme, comme toi. Mais au final, ne sommes-nous pas Européen avant tout?

  6. Julie Gourichon Nov 13, 2011 at 9:18 PM - Reply

    En fait, bizarrement, j’ai du mal à me sentir citoyenne européenne. Pour moi, c’est simplement un système politique et économique mais dans ma vie quotidienne, seule la culture française intervient (et d’autres grâce aux films et à la musique). Mais il n’y a pas de culture européenne à proprement parlé.

    Alors personnellement, je ne me sens pas européenne. Et je ne me sens pas plus proche d’un allemand que d’un chinois. Ce serait même plutôt contraire à cause des affinités que j’ai créées avec le continent asiatique (j’apprends le chinois, coréen et japonais et je regarde beaucoup de films coréen et de musique asiatique). Donc, c’est une impression tout à fait personnelle, je pense.

    Merci pour ton commentaire en cas 🙂

  7. Campy Nov 14, 2011 at 12:09 AM - Reply

    “Être unis dans la diversité” – c’est la culture européenne que l’on partage aussi en dehors de l’Europe 🙂

  8. Sylvie Naux Nov 14, 2011 at 6:40 AM - Reply

    Partir, pour mieux revenir…
    D’abord, bravo pour un article bien ecrit (desolee je n’ai pas les accents sur le clavier).
    Ensuite, j’ai pense lire une description de moi-meme il y a maintenant trois decennies 🙂
    Je vis toujours aux Etats-Unis, mais j’attends que mes enfants soient independants pour pouvoir retourner vivre en France et reprendre mes voyages dans les pays europeens. Lorsque je suis arrivee sur ce continent, je faisais tout ce que je pouvais pour m’assimiler. Maintenant, je “let loose” mon identite francaise. Tant pis pour ceux a qui ca ne plait pas…

Leave A Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.