Le phénomène FEMEN, vu de France

Josephine Vodoz - 09_05_13 A

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Entretien avec une jeune féministe française qui nous livre son point de vue sur le mouvement ukrainien FEMEN et ses répercussions. Une occasion de faire un petit constat du nouveau féminisme en France.

”Sors, déshabille-toi et gagne”, telle est la devise du groupe féministe FEMEN qui fait parler de lui depuis maintenant cinq ans. Fondé en Ukraine, cette nouvelle vague de féministes a mené des actions coup de poing en dénudant leur poitrine publiquement. Par ces actes, elles souhaitent se réapproprier leur corps et imposer leurs revendications. Alors comment ce mouvement est-il perçu par leurs consœurs françaises ? Interview de l’une de ces jeunes militantes, Eléonore Zurbuchen.

Quel regard portez-vous sur le mouvement FEMEN en tant que féministe occidentale ?

Selon moi, leur radicalisme est nécessaire. A travers les actions ”choc” et le buzz médiatique, elles remettent en question les fondements même du patriarcat, ce qui est un peu oublié lorsque l’on est trop pris dans les débats. Elles ont un peu un rôle d’interrupteur. Elles soulèvent des questions par la provocation et l’impact visuel, et laissent ensuite le soin à d’autres groupes féministes de débattre. C’est beaucoup plus passionnel qu’intellectuel et elles touchent le grand public très facilement. Malheureusement, leurs revendications manquent parfois d’étoffe et d’explications.

Josephine Vodoz - 09_05_13 B

Ce mouvement, né en Ukraine, touche-t-il aussi la France ?

En tout cas, il n’aurait pu naître qu’en Ukraine, de par son contexte politique et social. De même qu’il n’aurait pu naître qu’à notre époque qui est si exposée aux médias et à Internet. Cependant, les idées qu’elles prônent sont universelles. Le FEMEN se veut d’ailleurs un mouvement international, même si évidemment, les méthodes utilisées doivent leur rester propre.

Une militante ukrainienne, tunisienne ou française ne va pas utiliser les mêmes outils pour se battre. En France, beaucoup de choses ont été faites pour les droits des femmes, nous pouvons donc nous permettre de militer plus posément, par le débat, l’information…

Josephine Vodoz - 09_05_13 C

Comment peut-on faire, ici, pour soutenir et continuer le combat pour les droits des femmes dans le monde ?

Justement en prolongeant les problématiques soulevées par les FEMEN. Elles ont plutôt tendance à nous considérer comme des féministes ”bourgeoises” parce que nous ne prenons pas les mêmes risques qu’elles, mais je pense qu’il est important que nous restions dans cette position-là. Il faut qu’une partie du féminisme puisse tenir un discours nuancé en tenant compte de toute la complexité de cette question de façon globale. C’est une question d’équilibre. Il est difficile pour ces féministes de rentrer dans le débat car elles font du militantisme pur. Nous sommes là pour prendre le relais.

D’autre part, il reste toujours des causes pour lesquelles il faut encore lutter ici, en France. Les inégalités salariales, le droit à l’avortement etc. Si la liberté de la femme est bien plus concrète ici, cela complexifie également les débats car on les approfondit bien plus. Cela dit, on peut toujours apporter une contribution. La plupart des femmes françaises le font d’ailleurs quotidiennement en menant une vie moderne, émancipée. Quelque part, elles luttent par leur simple existence.

Références :
1. Lien youtube, les FEMEN à Paris.
2. Groupe Facebook FEMEN.
3. Page Wikipédia FEMEN.
Crédits images:
 1. Eléonore Zurbuchen, photo personnelle sur Flickr.
2. Militante du FEMEN, via Facebook sur Flickr.
3. Femen at Notre-Dame, par Ammar Abd Rabbo sur Flickr. 

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Joséphine Vodoz

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