Hypermarchés et autres endroits formidables
Nous sommes samedi, 18 heures, une belle journée ! Demain, fête de famille. Je décide à l’instant de me faire couper les cheveux.
Je me regarde dans le miroir. Mes pointes sont cassées, ma coiffure ne ressemble plus à rien. C’est la “cata”, comme on dit en France.
Généralement c’est mon mari qui me coupe les cheveux, il est multi-talent, le meilleur coiffeur que je n’ai jamais eu ! « Tu me coupes les cheveux, chéri ? » Il me regarde. « Maintenant ? » Je souris, il connaît déjà ma réponse. « Tout de suite, avant que je ne change d’avis. » Je cherche les ciseaux.
Où sont-ils ? Dans la boite, dans la salle de bain, je regarde sous le lavabo, ils ont disparu. Impossible. Je panique, je pense à cette grande fête de famille demain. Je voudrais absolument que ma coiffure soit resplendissante.
Je réfléchis, il est tard. Samedi à 18.30 heures, trop tard pour aller chez le coiffeur me semble-t-il. Que faire ? J’essaie tout de même. Je saute dans mes baskets, descends, traverse la rue à toute allure. Il y a un coiffeur en face. En traversant je prie, ce que je ne fais que dans ces rares moments. J’espère qu’il y aura encore de la place.
J’ai peur de la réponse, et je la connais déjà. J’entre, je suis nerveuse, s’il n’y a plus de place, que ferais-je alors ? Je m’arrête à la porte, regarde, la salle, bondée évidemment. Peut-être aurai-je de la chance. Une dame vient vers moi, me demande ce qu’elle peut pour moi. Quelle question ! Me couper les cheveux bien évidemment. Je m’applique à demander si une coupe est encore possible. Elle me regarde comme si je venais d’une autre planète, une étrangère. Comment puis-je poser une telle question ? J’ai l’impression que toute la salle me regarde. Pas de place avant mercredi prochain. Trop tard, j’arrive trop tard.
Je pars, déçue, que faire ?
Il me faut absolument des ciseaux. Où les trouver? Aventure impossible ? Je regarde l’heure : 18h30. Vous pensez que l’heure pose un problème, en France ? Non, il est encore tôt. Tout est possible pour des gens spontanés. Les magasins dans ce pays sont fabuleux. Le temps ne joue pas de rôle. Les hypermarchés sont ouverts jusqu’à 21 heures minimum. Une chose difficilement imaginable dans ma ville natale par exemple, où tout est fermé au plus tard à 20 heures.
Depuis toute petite, ces hypermarchés m’ont impressionnée. Ces rayons immenses, où l’on trouve plus d’une cinquantaine de sortes de yaourts en grands et petits formats, une trentaine de sorte de jambon sous vide, des fruits, des légumes, vraiment de tout… Ceci m’a toujours étonnée ? Ces supermarchés immenses ne font pas mourir les petits commerçants. En Allemagne, par exemple, ces monstres les ont dévorés. On en trouve quasiment plus. En France, les petits commerçants décorent chaque coin de rue : le cordonnier, le couturier, le petit magasin qui vend le petit électroménager, la mercerie. C’est incroyable, quand on traverse les rues, on trouve de tout. Je me suis toujours demandée comment ils peuvent subsister. Je pense que c’est un secret.
Et puis, il y a ces petits magasins formidables qu’on trouve dans chaque quartier. Ils vendent de tout. A commencer par une vis, du terreau, des rideaux de douche… C’est comme faire un vœu à une fée. On est quasiment sûr qu’il va se réaliser. J’y vais. Il n’est pas loin. J’ai bon espoir. Il est encore ouvert. J’entre dans ce minuscule magasin rempli d’objets jusqu’au plafond. Je regarde ce vieux monsieur de petite taille. « Bonjour mademoiselle » ; « Bonjour monsieur ». Je le regarde à nouveau : « je recherche des ciseaux pour couper les cheveux. Avez-vous ça ? » Je le regarde toujours avec impatience. Oui bien sûr, il part dans le fond du magasin et revient avec le trésor, quel soulagement.
Je suis heureuse, rentre, regarde l’heure, 19h15 ! Quel pays formidable !
All images © Julia Noyel
La grande tendance du moment notamment à Paris est vers la réouverture de petits superettes de quartier ! On revient à la proximité ! Pourquoi ? Pourquoi pas !