Pensées envolées ou l’Addiction au Voyage

Portrait de Patrick VerduTemporairement en pause dans le voyage, on prends le temps d’écrire, d’évacuer ses idées.

Par voyages, on entend pérégrinations, aventures, vie de bohème, sans repères, sans contraintes. On parle de pure liberté et non de tourisme, cette institution de cortèges en bus, appareil photo autour du cou, et empilement de souvenirs jusqu’au cou !

Non, on parle de voyage, d’errance géographique, en quête d’épanouissement, de jours meilleurs.

Errance métaphysique. Quête solitaire, accompagnée de jolies âmes, ou carrément dépourvu de substance, aussi léger et inoffensif qu’une plume tellement les événements, les paysages, et les rencontres vous submergent et leur beauté se substitue à la vôtre.

On parle de surprise, d’enthousiasme et d’émerveillement réels. Pas ces visites guidées où l’on s’arrête toutes les dix secondes pour prendre une photo, émettre un faux “waow”, comparer avec la brochure et immortaliser son image sur un pavé parmi tant d’autres.

MyfrenchLife™ - patrick

Non, on parle d’inattendu, de sensations, de sentiments qui tirent sur vos entrailles et voient votre cœur s’enflammer puis s’envoler vers l’horizon. Ce voyage-là.

Pause. Retour à la vie en société. “La vie normale.” Métro, boulot, déprime.

Après six mois magiques, voluptueusement  emporté telle une plume, on retombe aussi lourd qu’une brique. Plein de souvenirs, d’humanité, plein de vie ! On se sent pourtant vide d’une tare, séparé de ce boulet dont il est difficile de se défaire complètement, ce fardeau qui hante tout un chacun et dont l’abandon demande un courage et une volonté sans failles : l’argent. Dur de faire sans. Dur de faire avec. Dur retour à la réalité. Cette réalité instaurée par la société. Ce train de vie sans locomotives.

L’on reste ancré dans sa gare, on se crée ses propres ancrages. Métro, boulot, dodo. Où est le mot vivre là-dedans ? On ne voit pas plus loin que les rails, seulement c’est le train qu’il faut considérer. Aveuglé par le feu, l’on est ébahi par les ombres de la caverne, alors qu’il suffit de se retourner pour en voir l’issue.

On est des millions à s’agglutiner, suivre le même trajet, tous les jours, sans même se saluer, on se bat pour la même chose mais chacun pour soi. On cherche la flèche verte, (à aller) vers le haut, toujours plus de zéros. On s’agrandit, on prolifère sans peur des limites, on gratte le ciel et se prend pour Dieu. Mais Celui-là n’est pas uniquement là-haut… Celui-là est partout.

ciel

Il n’en va point d’élever son esprit, il en va de le propager.

S’envoler ne suffit pas… Encore faut-il savoir rester en altitude tout en gardant les pieds sur terre.

Après avoir chevauché les airs, arpenté le sol de long en large, et après avoir goûté aux vagues de la Nouvelle-Zélande, en auto-stop ou en van, avec son meilleur ami ou son amourette allemande, effectué des randonnées époustouflantes dans les deux sens, été victime d’un vol par effraction, ou victime de l’infinie générosité des Kiwis, après une longue et triste route entre Brisbane et Darwin, avoir été contraint de passer un magnifique séjour à Bali pour obtenir un visa de travail en bonne et due forme, après avoir gagné sa subsistance grâce à une guitare et la rue, on arrive à Melbourne, passe du soleil à un relatif hiver avec aucun autre choix, aucune autre urgence que de trouver un job, s’installer, se sédentariser, économiser, s’enterrer.

Mon ex-guitare

Malgré cela, on relativise, on positive. Pense au fruit de son dur labeur et contracte par intermittences des moments de lucidité, on jouit de cette soudaine clarté qui nous fait de nouveau réaliser la situation : on est aussi loin que possible de chez soi, on est en Australie, on vit une expérience unique, l’expérience de la vie, un bonheur intraduisible et pourtant loin d’être inaccessible…

All Images © Patrick Verdu

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Patrick Verdu

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2 Comments

  1. Emmanuelle Tremolet Nov 3, 2011 at 1:31 PM - Reply

    Merci Patrick. Je partage tes sentiments. Es-tu toujours en Australie ou as-tu regagné le France? “Metro, boulot, dodo” sonne comme un retour à la Capitale!
    Bon courage!

  2. Patrick Verdu Nov 3, 2011 at 2:26 PM - Reply

    Merci ! J’ai quitte l’Australie il y a moins d’une semaine. Apres 3 jours passes a Singapour, je suis maintenant a Malacca en Malaisie…

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