Superwoman ou mère indigne ?

Quand je suis arrivée en France, ce pays m’est apparu comme le paradis, le paradis des femmes ! Liberté, égalité et fraternité, oui, je pouvais le confirmer ! La FRANCE était synonyme de : Liberté pour la femme et Égalité entre hommes et femmes… Un vrai paradis par rapport à l’Allemagne.

Pour moi c’était LE pays où je pouvais m’imaginer fonder une famille et élever des enfants. Pourquoi ? Parce que la femme joue un rôle différent comparé à celui des femmes en Allemagne, par exemple. C’est l’ÉQUITÉ entre hommes et femmes.

La vie professionnelle d’une femme, et encore plus d’une mère française, prend une certaine ampleur. Concevoir un bébé en France est un peu comme faire des courses entre midi et deux. On travaille jusqu’au bout, stressée à fond par le travail, et puis, ah une douleur, c’est quoi ? Une contraction, c’est dérangeant, j’avais encore tant de choses à finir au boulot. Pourquoi le bébé n’attend pas ? Et puis quelques semaines plus tard… Hop, dès que le bébé est sorti du ventre, retour au travail !

Julia Noyel, 10/02/2012

Oui, la majorité des femmes en France retourne au travail très rapidement et souvent même à temps plein. Incroyable, inimaginable si on voit cela avec les yeux d’une femme allemande. Bien sûr, c’est un peu caricatural, mais en même temps au fond il y a une petite lueur de vérité.

En Allemagne, une mère qui travaille 35 heures est difficilement comprise. Elle est encore souvent mal vue. Faisant partie d’un statut social inférieur, elle est dans le besoin de travailler… la pauvre ! Sinon, bien évidemment elle resterait à la maison et s’occuperait de ses enfants. D’un point de vue allemand, une mère qui voit son bébé entre nounou et dodo seulement  deux heures par jour est forcément une mauvaise mère. Une mère indigne !

Une pression sociale contre laquelle  il faut se prémunir si on veut sortir de la grande masse. Qui sont ces femmes qui laissent leurs enfants, si petits, à des étrangers ? Ils ont besoin de leurs mères, non ? Mais dans ce cas, que fait-on des besoins de la femme, de son épanouissement personnel ? C’est la question, une question intéressante et à laquelle il n’est pas facile de répondre. Ne vous inquiétez pas : en France, la garde d’enfants est un vrai business. C’est bien pensé !

Julia Noyel, 10/02/2012

Les crèches en France, c’est comme les boulangers : on en trouve à chaque coin de la rue, et s’il n’y a pas de place, il y a encore les nounous. Ces femmes gentilles qui en ont fait leur métier. Elles gardent plusieurs enfants, même les tout petits ! Elles en prennent soin et cela coûte cher. Finalement en France, c’est un luxe de travailler. La nounou est un vrai budget. Même si ici on se plaint qu’il n’y a pas assez de garde disponible, par rapport à l’Allemagne, c’est le pays de cocagne. La culture de Maman-Nounou-Crèche est largement répandue !

Chez nos voisins allemands, cette culture  n’est pas encore complètement ancrée dans l’esprit des mères. Mais avec l’introduction des écoles à temps plein, les choses commencent néanmoins à changer. La création des crèches collectives et surtout des crèches d’entreprises contribue à donner une certaine liberté à la femme. Elle peut ainsi s’épanouir personnellement tout en fondant une famille. La présence de la femme à la maison n’est plus absolument nécessaire. L’Allemagne reste un pays avec  le taux de natalité le plus faible d’Europe, même si  ce taux augmente depuis peu.

Donc, contente d’être en France ! C’est autre chose que les couches, le ménage et la maison… Un simple changement de pays me facilite la vie, plus besoin de me justifier de vouloir m’épanouir et travailler tout en étant mère de famille. Tout est possible. C’est la liberté ! Mais plus ce rêve de devenir maman se concrétise, plus je me rends compte que finalement, les croyances et les valeurs que l’on m’a transmises par mes origines allemandes, sont plus fortes. Est-ce que j’ai vraiment envie de travailler 40 heures par semaine en élevant mes enfants, donc confier l’éducation à une étrangère ? Mon enthousiasme initial se transforme en angoisse. J’aspire à un compromis : travailler entre deux et trois jours par semaine.

Mais alors là, en discutant avec mes copines françaises, je me rends vite compte que cela ne correspond pas trop à la culture Maman-Nounou-Crèche. Je reçois de petits sourires, mais pas forcement dans un sens positif… Je comprends bien : Une femme qui travaille entre deux et trois jours par semaine peut paraitre paresseuse. C’est le revers de la médaille… En faisant part de mon souhait de travailler moins longtemps quand je serai mère, même mon mari français me regarde bizarrement. Il me répond : “Non ! Il faut travailler cinq jours ! Comme les autres”. Je ne le souhaite pas. Mais c’est normal, c’est comme cela en France…

Vous penzes qu’une femme qui travaille entre deux et trois jours par semaine peut paraitre paresseuse?

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2. © diego cervo – Fotolia.com

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Julia Noyel

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3 Comments

  1. Julie Gourichon Feb 16, 2012 at 7:18 PM - Reply

    Je suis française mais je le dis et le redis…si un jour, j’ai des enfants, je m’arrête de travailler. Tu as raison, en disant qu’en France, il est très mal vu de s’arrêter de travailler pour élever ses enfants. Mais moi, je trouve ça génial de pouvoir s’occuper de ses enfants. Je me vois pas laisser mon enfant à une autre femme, rater ses premiers pas ou ses premiers mots et laisser tous ces petits bonheurs à une autre. Et je veux avoir la main mise sur l’éducation.

    En France, être mère au foyer, ça signifie la paresse comme c’est mentionné dans l’article. Comme si élever un enfant ne relevait pas du défi. Mais aussi, ça signifie pour les autres femmes, une perte d’indépendance. On est entretenu financièrement par son mari ou concubin et on est soumise. Ce qui n’est absolument pas vrai dans la réalité. Vouloir s’occuper de ses enfants est un tâche à plein temps. Et c’est un vrai travail puisqu’on forme la génération de demain qui prendront soin du monde et de la terre. C’est important quand même! On leur transmet les valeurs, les bases pour qu’ils puissent construire et améliorer le monde d’aujourd’hui. Pour moi, c’est une tâche primordial.

    Personne ne pourrait dire le contraire.

  2. Valentine Camus Feb 17, 2012 at 3:24 PM - Reply

    Je suis d’accord avec toi Julie (bien que je ne sois pas mère), ça doit être un travail à plein temps d’élever ses enfants. J’imagine que ça apporte beaucoup de bons moments et d’inquiétude à la fois, et moi aussi en tant que Française je voudrais y consacrer du temps !
    Tous ces préjugés sont bien stupides… En plus, je crois vraiment qu’on peut se débrouiller pour travailler à mi-temps en s’occupant de ses enfants. Dans l’idéal, ça me conviendrait très bien.

  3. Fitz Mar 12, 2012 at 1:04 PM - Reply

    Très intéressant,ton article, Julia. Je suis un homme australien, père de deux fils qui ont actuellement 13 et 19 ans, alors 1a fait un bail depuis que je devais les emmener à une crèche ou à un ‘playgroup’ pendant que moi, à l’époque,je travaillais à temps partiel. Ton article m’a instruit sur deux plans; j’ai appris que la société allemende, même aujourd’hui et contrairement à ce que j’imaginais, est moins orientée vers le féminisme (tu as écrit que les Allemandes ont un statut inférieur à celui des hommes [?])Je me demande donc si les femmes-cadres allemandes touchent des salaires inférieurs à ceux de leurs collègues masculins? Je te le demande car, en Australie, il y a toujours cette inégalité, bien qu’on soit censé être un pays occidental donc équitable en ce qui concerne la rémuneration professionnelle. Et malgré que notre chère Gina Rinehart, magnate* de l’industrie minière australienne, figure en dix-neuvième place sur la liste des gens les plus riches du monde. (*Tu as vu ça? J’ai fait exprès de féminiser un nom traditionnellement masculin.).
    La seconde chose – je ne savais pas que les Français étaient moins flexibles concernant le nombre des heures de travail, que les boulots à temps partiel ne sont pas bien vus. Ni que les Françaises en général se dépêchent de reprendre le travail aussitôt que possible après une naissance.
    Comme anecdote, je me souviens (c’était en 1994, je crois, au ‘playgroup’ où j’emmenais mon fils ainé) d’une femme qui avait des idées fixes sur les rôles des sexes. Un jour, en me regardant gronder mon fils, elle a dit à une autre femme, “Ça devrait être la maman qui fait ça”. Je crois avoir riposté: “Okay, j’appellerai ma femme pour qu’elle quitte son boulot à temps plein en ville pour venir ici par le train [elle n’avait pas de permis de conduire à cette époque-là] réprimander le gosse, hein?”

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