Connaissez-vous le choc culturel ?
Avez-vous déjà été confrontés au choc culturel ? Je suppose que tout voyageur a déjà ressenti ce sentiment violent d’incompréhension. Ce conflit intérieur envahissant le nouvel arrivant. Les émotions sont exacerbées. Le fossé social et culturel se creuse. On perd son entourage, ses repères, sa langue et ses références culturelles. Tout ce qui nous identifie, ce qui nous permet de communiquer avec notre prochain est biaisé, détruit et il faut tout reconstruire ex-nihilo. Même si le départ est volontaire, rêvé et espéré, chaque être humain déraciné ressent, un jour, cette sensation profonde de venir d’un autre monde.
Les symptômes peuvent être multiples : le refus d’apprendre une langue, de s’intégrer, un fort sentiment de solitude et de lassitude, un manque d’appétit, un besoin important de sommeil, de la déception, une forte irascibilité voire de l’agressivité.
Je n’ai ressenti ce sentiment qu’une seule fois. À 20 ans, j’ai quitté la France pour l’Autriche. Grâce au programme d’échange ERASMUS, j’ai eu la chance de faire un semestre d’études dans une université internationale de Vienne. Une période de ma vie étrange et pourtant, si passionnante. Je me souviens des larges rues aérées, du centre historique où se côtoient les magasins de luxe, du palais impérial et de nombreux musées. Je me souviens de mes amis et des soirées passées dans notre bar autrichien préféré. Je me souviens de la neige. Du marché de Noël, du cidre autrichien, des hot-dogs, du schnitzel et de la bière.
J’ai passé d’excellents moments au cours de ces six mois à Vienne. Et dans l’absolu, je dois l’admettre, il y a peu d’altérité entre la France et l’Autriche. Je ne suis pas partie à l’autre bout du monde, mais… j’ai ressenti l’incompréhension, les préjugés de mes camarades et le manque de ma culture. La culture française.
J’ai mis plusieurs mois à ressentir ce manque. Avant ça, je voulais tout découvrir, tout voir, connaître la ville sur le bout des doigts. J’avais soif de rencontres. Je voulais parler anglais, allemand et même chinois mais le français ne m’importait guère. La cuisine autrichienne me faisait saliver. Et je cherchais à écouter la musique locale. Je souhaitais m’intégrer et m’assimiler à la société viennoise.
Toutefois, au bout de trois mois environ, j’ai commencé à me sentir esseulée. J’étais bien entourée et j’appréciais tous mes nouveaux amis, dont certains restent encore des êtres chers, mais je n’arrivais plus à communiquer. Je ne supportais plus l’allemand et parfois, je n’ouvrais pas la bouche de toute la journée, car je ne voulais pas parler anglais. J’avais envie de croissants, de crêpes, de légumes… adieu les saucisses et les patates. L’ennui et la lassitude s’étaient installés et je ne savais comment y remédier. Sortir, manger des wedges et boire de la foster dans mon bar préféré ne m’amusaient plus. Et j’aurais tué père et mère pour discuter avec mes meilleurs amis ou ma famille, restés en France.
Cela a duré entre deux et trois semaines, puis tous ces mauvais sentiments se sont évaporés. Je pense que c’est une période par laquelle tout le monde passe, un jour ou l’autre. D’ailleurs, il est amusant de voir à quel point nous sommes tout aussi désœuvrés lorsque nous rentrons au pays après une aussi longue absence. On se sent seul, incompris et en décalage avec la réalité. Bizarrement, le choc culturel en sens inverse.
Crédits images:1. Évolution hypothétique de l’adptation culturelle, au cours d’un séjour à l’étranger, via bve.ulaval.ca
2. La colère, via ventre-plat-tip.blogspot.com
3. Le mal du pays, via www2.binghamton.edu
Très bonne description du choc culturel! c’est exactement le sentiment que j’ai eu il y a quelque temps, après 6 mois passé en Australie. Je me suis tout d’un coup sentie “homesick”, et mes parents ainsi que amis l’ont ressenti aussi: je les appelais presque tous les jours! Maintenant ça va mieux.
C’est plutôt original un semestre à Vienne. Cette ville ne fait pas partie des villes “classiques” vers lesquelles les étudiants se dirigent pour un programme d’échange (enfin en tout cas je n’en ai pas vraiment entendu parler dans ma fac, peut être parce que j’ai pris espagnol au lieu de l’allemand). Ça à vraiment du être une super expérience pour toi, et du coup, ça me donne envie d’aller en Autriche! 🙂
Oui, généralement, c’est un sentiment qui finit par disparaître assez vite!
Personnellement, je conseille l’Autriche ou en tout cas, Vienne. Parmi toutes les villes que j’ai visité, elle reste ma référence. Peut être parce que j’y suis restée si longtemps. Mais je sais qu’elle a été élue ville n°1 mondiale en qualité de vie. Et c’est vrai. C’est vert, aéré, dynamique, jeune, propre…j’ai vraiment beaucoup aimé! Et il y a une histoire très riche pour ceux qui sont fan de Sissi et autres cours impériales 🙂
Je n’ai encore jamais ressenti le choc culturel, et j’espère que je pourrai passer entre les mailles du filet…! Je vis en ce moment à Melbourne pendant 4 mois, alors peut-être que c’est assez court pour que je reste à la première phase de “lune de miel”.
En tout cas je trouve ton article très intéressant, parce que souvent on ne parle que de l’excitation et des bons côtés de la vie à l’étranger. Forcément, tout n’est pas tout rose tout le temps, c’est normal. Nos proches nous manquent, et l’adaptation n’est pas toujours facile.
J’ai aussi été à Vienne, c’est vrai que c’est une très belle ville. Est-ce que tu as été dans d’autres villes d’Autriche ? J’ai visité Innsbruck et Salzbourg, c’était trop mignon.
Et ça dépend aussi des personnes. Parfois, on peut mettre plusieurs mois à le ressentir.
Je n’ai visité que Vienne mais j’ai très envie de visiter d’autres villes. 😉