La foire du livre de Brive-La-Gaillarde
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Depuis maintenant trente ans, se déroule dans la petite ville de Brive-La-Gaillarde, située dans le sud-ouest de la France (département de la Corrèze) la foire du livre. Elle a lieu chaque année sur trois jours le premier week-end de novembre.
Au tout début, avant les années 80 cela a commencé avec simplement quelques romanciers qui présentaient leurs livres à la vente sur la place du marché… Aujourd’hui c’est l’évènement littéraire le plus important en France après le Salon du livre de Paris.
Ce samedi matin 5 novembre, il pleut ! Et c’est donc parapluie contre parapluie que je dois faire une demi-heure de queue avant de pouvoir entrer. Dedans, c’est noir de monde, et il faut jouer des coudes pour avancer. Mais qu’importe, le bonheur à Brive c’est de pouvoir déambuler dans les allées, prendre le temps de s’arrêter un moment pour parler avec les auteurs de son choix, acheter un livre et se le faire dédicacer.
Des salles sont ouvertes au public afin de pouvoir assister à des conférences tenues par les écrivains et des échanges entre auteurs. Pour guider le visiteur on lui remet (gracieusement) un petit livre avec le programme des conférences ainsi qu’un plan pour savoir à quel stand se trouve tel ou tel écrivain. Très utile en effet, car cette année 500 auteurs sont attendus !
Romanciers, historiens, journalistes, auteurs célèbres ou méconnus, venant des quatre coins de France, tous les genres littéraires sont représentés.
Par qui commencer ? Je n’ai que l’embarras du choix !
D’abord, je me dirige vers le stand de Yasmina Khadra. Un de mes auteurs préférés. Hormis son dernier livre , L’équation africaine que je n’ai pas encore eu le temps de dévorer j’ai lu presque tous ses bouquins !
Ne vous y trompez pas, Yasmina est un homme. Cet ancien officier supérieur de l’armée algérienne a d’abord commencé à écrire sous le pseudonyme de son épouse (qu’il a choisi afin d’éviter la censure militaire). Après 36 ans d’armée, il a fait le choix d’en partir afin de se consacrer à l’écriture. Il vit en France depuis 2001 et a conservé son nom de plume.
Dans ses romans Yasmina dénonce la barbarie intégriste, la violence, la corruption ; des sujets d’actualité durs mais avec une écriture limpide, pleine d’images, de sensations et de poésie.
Plusieurs de ses livres ont été traduits en anglais. L’attentat (The attack) est un bestseller. L’histoire se passe en Israël. Un chirurgien de renom est appelé car un attentat à la bombe vient d’avoir lieu dans une pizzeria, faisant de nombreuses victimes. Lorsqu’il arrive sur les lieux, à sa grande surprise, il apprend que c’est son épouse kamikaze qui a provoqué l’attentat….
Ce roman m’a beaucoup impressionnée…
Maintenant je suis devant Jean-Christophe Ruffin. Né en 1952, ce médecin fondateur du mouvement humanitaire « Médecins sans frontières » est un homme engagé. Ancien ambassadeur de France au Sénégal et en Gambie, il se consacre aujourd’hui à l’écriture et il est membre de l’Académie française depuis 2008.
Ces romans d’aventures, historiques et politiques imprégnés de ses connaissances sur la culture africaine et latino-américaine donnent au lecteur un aperçu de la vie dans ces continents.
Il a gagné le prix Goncourt en 2001 avec son livre Rouge Brésil. Il s’agit d’un roman historique sur la première tentative de conquête du Brésil par les français au 16ème siècle.
La découverte d’un nouveau monde fait la trame de ce roman basé sur le choc des civilisations.
Je me fais dédicacer son dernier livre Sept histoires qui reviennent de loin. Sept nouvelles où vous ferez des rencontres originales. Vous connaîtrez d’abord une jeune femme kirghiz qui pour préparer son voyage à Paris prend des cours particuliers de français. Elle étudie sérieusement et arrive à tenir une conversation avec son professeur… Or lorsqu’elle arrive à l’hôtel à Paris, personne ne peut comprendre un traître mot ! Évidemment on lui a appris le hongrois ! Dans une autre histoire vous verrez un français faire un enfant à une jeune africaine simplement pour lui rendre service…
Ces petites histoires sont plutôt drôles et le vocabulaire est relativement simple. Aussi, si vous n’êtes pas débutant en français, vous pourrez apprécier ce livre en lisant la version originale !
Maintenant je me dirige vers un écrivain local : Christian Signol. Né en 1947 dans un petit village du Lot, cet écrivain réside à Brive- la-Gaillarde. Voici ce qu’il m’a dit :
« La rencontre avec le lecteur est très importante pour un écrivain qui travaille dans la solitude d’un bureau pendant une, deux ou trois années. Il faut qu’il y ait ce contact avec les lecteurs, sinon cela n’a pas de sens. A un moment donné, il faut qu’il y ait un écho, sinon on a l’impression de travailler dans le désert. Le succès des ventes ne suffit pas, j’ai besoin de savoir comment mes livres sont perçus car cela m’est utile pour les livres que j’écris après la foire. Ce qui me touche le plus c’est de savoir qu’il y a des gens qui viennent me voir de très loin, des gens qui viennent de Belgique, de Suisse ou du Nord. Quand j’ai 10, 20, 30 personnes qui attendent, je ne peux pas me permettre de leur parler longtemps. Cela est frustrant.
Disons tout simplement que la foire est victime de son succès ! »
Sue dit … « Agnès et moi, nous nous sommes rencontrées via un forum de discussion sur Internet et nous aimons bien travailler ensemble sur ces articles. C’est une bonne façon d’apprendre plus sur l’autre langue et l’autre culture. »
Merci Agnès et Sue pour nous avoir fait partager votre rencontre avec ces écrivains exceptionnels.
Crédits images:1. Foire du livre de Brive-La-Gaillarde, credit image Brive.fr
2. Yasmina Khadra