Bienvenue dans la jungle – 3

L’un de mes confrères, blogeur français habitant à Boston, fit un jour un parallèle entre la circulation parisienne et la musique jazz : sauf embouteillages, tout file, tout coule, ce n’est pas nécessairement bien rangé, mais sa dynamique vous transporte harmonieusement.

A Los Angeles, on est plutôt dans un concert de hard rock : l’énergie et l’élan commun de la foule vous donne quelquefois l’impression de ne faire qu’un avec les autres, et bien sûr, il y en a toujours deux ou trois pour faire du pogo ou se jeter du haut de la scène. Plus rarement bien sûr, ça tourne à la bagarre, surtout quand tout le monde est bourré (le samedi soir par exemple).

School Bus gone Wild

Un véhicule lent roule sur la file de gauche, les autres doublent par la droite ; les clignotants sont passés de mode, à l’inverse du téléphone portable qui lui, a le vent en poupe. Je me dis souvent que si les autoroutes d’ici passaient sous la supervision des gendarmes français, ceux-ci auraient certainement l’impression d’entrer dans un jardin en friche où tout reste à faire.

Toutefois, qu’est-ce qu’ils s’amuseraient ! Sans vouloir offenser les policiers américains de nos chères freeways, je pense qu’un programme d’échange pour un week-end en France leur ferait le plus grand bien : ils verraient peut-être qu’il est possible d’appliquer la loi un peu plus judicieusement comme, par exemple, pénaliser les véhicules lents sur la file de gauche et ceux qui les dépassent par la droite.

Dans l’univers du jeu vidéo et de Grand Theft Auto, la voiture reste un jouet, le plus souvent avec une boîte automatique, dont peu de gens savent se servir : j’ai vu trop de fois des conducteurs ayant le pied gauche sur le frein et le droit sur l’accélérateur… Plus généralement, les conducteurs de voitures automatiques ont quelquefois du mal à « lever le pied » de l’accélérateur plutôt que de freiner, une pratique que les français apprennent au code de la route avec le signal « Ecole : levez le pied ».

LA Traffic

Ici, ralentir équivaut plutôt à tapoter constamment sur sa pédale de frein, ce qui, à la longue, peut vraiment devenir ennuyeux voire dangereux. C’est notamment vrai en cas d’intempéries lorsque, sous les trombes d’eau que nous apportent les averses et les orages californiens, certains conducteurs angelins se mettent à appuyer nerveusement sur leur pédale de frein, au mépris des risques de dérapage.

Autre réalité qui transparaît dans les artères de la ville, c’est le phénomène très sérieux de «précarité au volant ». Cette précarité englobe le manque d’éducation (les règles pour obtenir le permis de conduire sont bien plus laxistes qu’en France), le manque de finances pour entretenir son véhicule ou sa vision correctement, le malaise social et certains aspects culturels qui entraînent certains conducteurs à abuser de l’alcool et autres stupéfiants, le manque de réelle alternative de transports…

Dans une mégalopole que l’on considère toujours aujourd’hui comme le berceau de la car culture, conduire à Los Angeles est en ce sens une expérience socioculturelle hors du commun. Je ne sais pas si c’est parce que je suis française, mais il me semble que, bien plus qu’à Paris, sillonner les routes de L.A. et en observer ses usagers vous offre sur un plateau la vraie réalité de cette machine à rêve.

Si vous voulez lire les précédents épisodes de “Bienvenue dans la jungle”, cliquez ici pour l’épisode 1 : les autoroutes” et ici pour l’épisode 2 : les rues et les routes.

Image Credits
1. By bcmacsac1 sur Flickr
2. By kendra k sur Flickr

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Sophie Fung

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One Comment

  1. Julie Chamand Jan 20, 2012 at 2:34 PM - Reply

    Quand je pense qu’en France tout le monde se plaint du trafic parisien !! Ton récit et la vidéo font vraiment peur ! A quoi ressemblent les transports en commun à L.A. ? Est-ce que c’est aussi la jungle ?

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