Un Français à New-York – premières pensées d’un expatrié

Charles-Edouard Catherine - 26.04.2013

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Je vis  à New-York et, pour la première fois, je conçois la France comme un lieu de vacances. Je suis un immigré, ou plutôt, un expatrié ; distinction lexicale qui m’a toujours amusée, tant elle est lourde de sens.

Après 6 mois dans la Big Apple, je commence à apprécier cette nouvelle ville, cette nouvelle vie. Si le décor et les visages deviennent peu à peu familiers, je reste un Français. Je me demande quelle vision les New-Yorkais ont-ils de nous ?

Un Français face à l’immensité de Manhattan

A New-York, ma journée commence avec le chauffeur du bus de 7 H 45, une femme très accueillante, qui appelle Baby tous les passagers, et qui chante des gospels lorsque le temps est ensoleillé. Ensuite vient le métro, ces visages qui lentement deviennent familiers, ces vies qu’on imagine, jusqu’à la 33ème rue, où je descends chaque matin.

Quelques marches et l’Empire State Building surgit, superficiel et démesuré, à l’image de cette ville, mais attachant tout de même. Rapidement, les immeubles se font moins attrayants et je pénètre dans l’un de ces gratte-ciels anonymes. Je retrouve mon bureau, où je travaille depuis maintenant six mois.

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Grandeur et démesure ; oui c’est l’impression que donne la Big Apple a priori, mais une fois passé le premier étonnement, c’est autre chose qui fascine. Après quelques semaines on n’est plus surpris par ces immeubles babéliens, cette agitation permanente. On intègre lentement ces nouveaux paramètres, et l’on cesse de lever la tête à chaque carrefour.

Je ne suis pas fatigué de New-York, au contraire. Ce n’est qu’après l’éblouissement initial que l’on commence véritablement à apprécier cette ville. Il n’y a rien de plus agréable que d’arriver dans le parc de Madison Green et de reconnaître le banc où l’on était la semaine dernière, de se remémorer quelques souvenirs et de penser aux prochains jours avec cette certitude d’une joie familière, le décorum titanesque de Manhattan ne faisant qu’ajouter une couleur à ce tableau formidable.

Qu’est-ce qu’un Français  pour un New-Yorkais?

Rapidement je rentre chez moi, à City Island, retrouver ce petit village isolé, hors du temps. Ici, tout s’organise autour d’une seule avenue, comme ces villes du Far West que l’on voit dans les bandes dessinées. Les gens me reconnaissent dans la rue, les voitures cèdent le passage, bref, on est aux antipodes de Manhattan et de son anonymat bruyant.

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C’est d’ailleurs là que réside celui qui, pour le moment, a le mieux exprimé la perception qu’ont les Américains des Français : Angelo, un petit monstre de quatre ans. L’autre jour, j’étais chargé de passer quelques heures en sa compagnie. Rapidement, comme vous pouvez l’imaginer, je me suis d’avantage pris au jeu que lui, tant et si bien qu’en vérité c’était lui qui me gardait et moi qui le relançait pour entamer de nouvelles parties ! Après quelques victoires faciles, probablement lassé par mon esprit enfantin, il tente d’engager la conversation sur la France et les jouets.

Je lui répond un peu distrait qu’il y en a beaucoup dans mon pays, et que j’en ramènerai quelques uns lors de mon prochain voyage. Il me dit alors que c’est fort généreux de ma part, et qu’il s’efforcera « d’agir en Français » avec eux. Interloqué, je lui demande de m’expliquer le concept « d’agir en Français ». Selon lui, cela consiste à parler avec un accent difficile à comprendre, être un peu peureux et aimer manger des choses étranges. Je restais alors stupéfié par une telle concision et une telle clarté.

Crédits images :
1, 2, 3 Photos personnelles de New York par Charles-Edouard Catherine

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Charles-Edouard Catherine

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