Christmas in Australia: 40° Celsius and over 16000km away from France
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Les cloches de l’église ne sonneront pas la fin de la messe de minuit, il n’y aura pas de coquilles Saint-Jacques au repas du réveillon et je transpire dans ma culotte. C’est Noël et je suis paumée à Broken Hill, Nouvelle-Galles du Sud, flanquée d’une réception téléphonique hasardeuse.
En France, quand je pensais à un Noël en Australie, j’imaginais barbecues sur la plage et surfeurs en bonnet de Père Noël (allez savoir). Je n’avais jamais pensé à la poussière et à la sécheresse, aux mouches dans la cuisine ou aux overdoses de vin bon marché sous le trou de la couche d’ozone. Je n’avais jamais pensé à l’outback australien pour fêter Noël.
25/12/10: dans le Queensland
C’était mon tout premier Noël à l’étranger. J’avais débarqué en Australie deux mois auparavant et j’étais barmaid dans un pub de l’outback du Queensland, à Mitchell. Mitchell, c’est deux rues principales, cinq pubs, mille habitants et des cow-boys. Je me rappelle avoir fêté Noël au pub et dans des garages, tout un chacun trimballant sa glacière, débordant de XXXX Gold et de green ginger wine (Dieu leur pardonne). Je me souviens aussi d’un vif sentiment de solitude, accentué par l’abus de bière.
A Bordeaux, Noël était synonyme de messe de minuit rébarbative, de bûche de Noël framboise/chocolat et de repas en famille. Je n’avais jamais passé Noël seule, en tongs, à boire de la Corona. Le choc des cultures avait décidé de m’en mettre plein la face.
24/12/12: en Nouvelle-Galles du Sud
A 10h30 il fait déjà 36 degrés et après un Noël 2011 à la frontière Thaïlande/Cambodge, me voici de nouveau dans les terres australiennes, à 1150 km de Sydney.
Cette année, j’ai rencontré Terry, Nicole et Colin et nous fêtons Noël ensemble, avec d’autres « orphelins », comme cette famille improvisée que nous sommes devenus en deux semaines. Histoire de ramener un peu de « chez nous », Nicole et moi décidons de préparer le repas de Noël pour le réveillon. Parlementant sur le porche autour de la cigarette matinale, nous optons pour un buffet. Il fait beaucoup trop chaud pour le rôti + 3 légumes australien.
Je consens à me passer de pommes dauphines et de Pauillac mais pas du tartare au saumon de mon père. Je craque également pour une bouteille de Moët, à défaut de Veuve Clicquot. Préparant champignons farcis, crevettes à la mangue, prunes enroulées de bacon, sauces à la moutarde de Dijon, nous passons l’après-midi à rire, une Beck’s toujours à portée de main.
25/12/12: les survivants de Noël
Ce 25 décembre, les passagers de l’Indian Pacific en direction de Sydney arrivent dans une ville désertée.
Depuis le balcon du Palace Hotel sur Argent St, la vue sur les rues vides de Broken Hill fait froid dans le dos. Le vent sec balaie la poussière et les feuilles d’eucalyptus forment des tourbillons sur l’asphalte brûlant. Je n’avais auparavant jamais fait attention à cette ambiance de ville fantôme qui règne un 25 décembre. J’en faisais partie, de ces gens cuvant leur champagne ou leur vin blanc chez eux, comme réfugiés dans leur abri anti atomique.
Avant de quitter la France, ce qui définissait Noël pour moi était très rigide : famille, sapin, repas et cadeaux. Loin de tout, loin de mes habitudes, Noël est devenu abstrait. Je ne saisis plus cet esprit caractérisé par les décorations au goût douteux et les marathons-bouffe, l’invité indésirable ou les cadeaux sans signification. Tout ce qui m’importe, c’est un bon repas, du champagne et pas d’emmerdeurs, même si le seul moment d’un Noël français qui m’a vraiment manqué était le petit déjeuner du 25 : pain au chocolat, jus d’orange pressé, baguette viennoise et bon beurre.
Malgré l’inévitable choc thermo-culturel France/Australie, dans ce qui suit réside l’universalité de Noël : le supermarché est le dernier endroit sur terre où il fait bon de se trouver.