Une Australienne à Paris : la saga de Susan en 1975 – Première partie
Lorsque l’on rencontre Susan Bromley, on n’a aucun mal à imaginer comment ses yeux bleus rieurs et son sens de l’humour ont pu séduire les parisiens, mettant à mal le cliché du français bourru.
Elle seule pouvait se rendre à la Bourse en chaussettes montantes multicolores, amusant un certain nombre de costumes-cravates.
Susan est maintenant la propriétaire (avec son partenaire Julian) de la Tara Guesthouse à Enmore. A Sydney, en cette matinée de printemps orageuse, les souvenirs de la vie parisienne en 1975 sont bien vivants. Pourtant, comme les jacarandas en témoignent, on est loin de la France.
This article is in French. Click here to read it in English.Rêves de France
Un matin d’août 1973, Susan, 17 ans et postée sur le Sydney Harbour Bridge, attendait un certain funambule français qui tardait à se montrer.
A l’époque, « avoir quelqu’un comme Philippe [Petit] venir et faire ce qu’il a fait, c’était juste si éloigné de tout ce qu’on avait même jamais envisagé. C’est ce qui l’a rendu si extraordinaire ».
Lorsque Susan évoqua son désir de voyager, il lui donna le numéro de téléphone de ses parents, à Paris. Quelques jours après son 19e anniversaire, Susan faisait l’acquisition d’un aller simple pour l’Europe.
Un dîner avec une célébrité française
Après le Danemark, Londres et la Méditerranée, Susan se rendit en France, le numéro des parents de Philippe en poche. « Donc je [les] ai appelé, maintenant il était aux Etats-Unis, travaillant avec, je crois, Barnum and Bailey (1). » (Brièvement, Philippe rejoignit l’aventure circassienne avec les Ringling Brothers et Barnum and Bailey.)
« Et alors, environ trois mois plus tard, il revint à Paris et appela et dit, ‘Salut ! On va boire un verre ?’. Nous sommes allés dîner à La Coupole, c’était fantastique, parce que lorsque nous sommes entrés, nous avons été traités comme des rois. »
La Coupole, la célèbre brasserie-restaurant du 14ème arrondissement, était en fait l’un des premiers supporters de Philippe.
Lorsqu’il était pauvre, « l’un des endroits où il s’installait pour faire ses performances était directement de l’autre côté de la rue. » Il exécutait son spectacle puis le restaurant l’autorisait à se promener sur son monocycle entre les tables, muni de son haut-de-forme amoché.
Sur les toits de Paris
Lors de son année parisienne, Susan séjourna rue Ravignan, à deux pas de la station Abbesses (Oublions cartes et Google Maps. Le seul moyen de ne pas se perdre dans Paris est d’utiliser les stations de métro comme points de repère.)
La vue de sa chambre de bonne du sixième étage donnait sur la Tour Eiffel et les Invalides. « J’avais l’impression d’être sur le toit du monde », confia Susan.
« La première fois que j’ouvris les fenêtres, un ramoneur passa. Et il souleva son chapeau, comme ils le font, et il dit quelque chose en français, et bien sûr, je ne parle pas français. Et il [ouvrit ses bras], et je savais qu’il parlait de cette vue fantastique. »
Il comprit qu’elle venait d’Australie et après une petite conversation, le ramoneur lui serra la main et continua sa route sur les toits parisiens. Lorsqu’elle raconta cette histoire à son ami Daniel, il était stupéfait : « Tu as tellement de chance. »
« Il disait que souvent, lors des mariages, le père de la mariée organisait la venue d’un ramoneur pour serrer la main de la mariée et du marié, lorsqu’ils sortaient de l’église. C’est parce que ça porte bonheur. »
Et vous ? Quels sont vos souvenirs favorits de Paris ? Partagez vos expériences dans les commentaires ci-dessous!
Crédits images :1. Portrait de famille : Susan, Julian et Oscar, via taraguesthouse.com.au.
2. La magnifique Tara Guesthouse, à Enmore, via facebook.com.
3. L’aventure circassienne de Philippe Petit avec Barnum and Bailey, via vaudevisuals.com.
4. Toits de Paris, via avecmond60.canalblog.com.
5. La jolie fille et le ramoneur, par Lucien Lorelle, via 20minutes.fr.