“Je me souviens” — à la Elisabeth #8 – #14
This series began here “Je me souviens” #1-#7
And below the introduction, you’ll find “Je me souviens” #8-#14
I am starting something about which I have been thinking for quite a while, a little mimicry of “Je me souviens” (“I remember”) by Georges Perec.
Every day I will prepare a “Je me souviens” post – both in French and in English and present them here for you frequently… please feel free to add your own memories in the comments below.
In terms of how MyFrenchLife members may benefit from this new series, it may help you understand cultural events and societal issues in France in the recent past (my lifetime) as I grew up in the north of France. These posts can also be used to help with your French language practice. Amusez-vous.
Context
For those who are not familiar with George Parec and his book/s this might help provide context:
“Impossible book to put down. In fact, I’m going to read it again. Kind of based on Joe Brainard’s famous and great “I Remember’ but different in that Perec didn’t read that book, but he heard about it from his friend the writer Harry Mathews. While Brainard’s book is more personal and deals with his own observations, Perec’s take on “I Remember” is more of the collective memory of the French from a certain time, mostly from the post-war years. So what he remembers here are a lot of French figures from the cinema, music and pop cultural world of Paris 1950s to the 60s – and I think beyond. My favorite, of course, is “I remember that Boris Vian died while coming out of a showing of a film adapted from his book ‘I Spit on Your Graves'”
by ‘Tosh’ from Goodreads, where you can read more….
Navigation
How to Navigate these “Je me souviens” articles? Each of these articles is updated daily and published weekly, so that you get 7 posts all at once – total immersion: French culture and French language immersion all in one.
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Je me souviens #14: le jour de l’accident
Je me souviens du vendredi 17 février 1961, le jour de l’accident. Ce jour-là, mon frère et moi devions être en vacances et, délaissés, comme d’habitude sans aucune surveillance dans la cour du café “Le Nouveau Monde” que tenaient mes parents dans la petite ville d’Orchies, dans le nord de la France, nous y jouions au ballon.
À un moment donné, le ballon est tombé sur le toît, et nous avons alors décidé d’y grimper pour aller l’y rechercher. Surprise! Une fois sur le toît, nous devions découvrir tout un univers fascinant, et entreprirent donc d’explorer un peu de nouveau monde, si proche du Nouveau Monde.
Nous nous sommes vites retrouvés face à une verrière qu’il nous fallait traverser, et je pense que nous savions que cela pouvait poser un certain danger. Mon frère François-Xavier passa le premier, et je le suivis, mais au lieu de traverser la verrière horizontalement, c’est verticalement que je le fis, me retrouvant sur le sol la véranda de nos voisins. Je n’avais pas perdu connaissance, et j’ai entendu FX me demander si tout allait bien et je me souviens avoir répondu “oui”. Mais, quand j’ai essayé de me relever, impossible. Je n’avais aucune idée que je m’étais cassé le fémur.
Dans l’intervalle, alarmée par le bruit de verre cassé, la voisine était accourue, avait dû me voir sur le sol, et avait alerté mes parents.
Mon père vint immédiatement me ramasser et m’amena sur la table de notre cuisine, où je restais étendue jusqu’à l’arrivée du médecin de famille (j’ai oublié son nom) et mon départ pour la clinique Saint-Antoine (clinique pour enfants du système des hôpitaux de l’Université Catholique de Lille.)Pendant la période où j’étais étendue sur la table de la cuisine, je me souviens de ma mère à mon chevet et que je ne faisais que répéter des mots d’excuse, lui réitérant que j’étais triste d’être la cause, par ma désobéissance, de son chagrin.
Je sais que le médecin m’a demandé si j’avais perdu connaissance. Il me mit la jambe gauche dans une attelle, puis je fus transportée en ambulance à l’hôpital. Là, je fus immédiatement prise en charge par le Dr. Vinchon qui, à l’époque, je pense, était interne à cette clinique. Je me souviens de son nom parce que sa gentillesse et sa douceur m’avaient fortement marquée (je devais avoir d’autres contacts avec lui lorsque, adolescente, je fus mise dans un carcan de plâtre pour quelques mois, pour corriger une scoliose qui m’avait fait souffrir depuis près d’un an).
Ce soir-là, ma jambe avait été mise en extension, sous anesthésie locale, par un système de broche avec poulie. je n’ai qu’un souvenir très vague de tout cela, sauf que je n’ai jamais ressenti aucune douleur. Dans la journée ou les deux jours qui suivirent, je devais subir une première intervention chirurgicale pour réparer la mauvaise fracture que je m’étais faite au fémur et insérer une broche le long de cet os pour stabiliser le tout.
Une deuxième intervention fut nécessaire pour corriger quelque chose qui n’avait pas été mal fait lors de la première intervention (je sais que le fait de devoir être opérée une deuxième fois m’avait traumatisée). Je me suis retrouvée plâtrée des doigts de pieds jusqu’à la taille, et incapable de bouger. Je pense être restée en clinique une semaine ou dix jours, dans une grande salle où il y avait une quinzaine d’autres lits. Mes parents venaient me voir de temps en temps, mais je n’avais pas de visites quotidiennes.
A ma sortie de clinique, je suis rentrée chez moi, où j’ai passé environ près de trois mois au lit. Pas d’école, rien. Mes parents avaient demandé à l’école paroissiale de me donner des devoirs à faire, mais la directrice et l’enseignante n’ont jamais suivi. J’étais alors en classe de 8ème (CM1 maintenant) et je ne devais retourner à l’école qu’au mois de juin, juste avant la fin de l’année scolaire. Ce manque de diligence de la part de mon école avait déplu à mes parents qui prirent alors la décision de me mettre en pension où, après un examen, je fus miraculeusement placée en 7ème (CM2 maintenant), en dépit du fait que j’avais manqué la moitié de l’année scolaire précédente.
Je devais garder la broche dans ma cuisse gauche pendant une période d’une année et, vers la fin juin 1962, je suis retournée à Saint-Antoine pour me la faire enlever. Le seul souvenir que je garde de cet épisode est que c’était encore une fois une opération, ce que j’avais maintenant appris à craindre et à détester, et que j’ai dû “réapprendre à marcher” après celle-ci. Un souvenir que je garde de ma période de deux à trois mois au lit, c’est que j’avais beaucoup lu, et lu de tout, surtout pas mal de livres qui appartenaient à mon grand-père maternel – “Contes et légendes de Flandres,” par exemple, dont la plupart étaient particulièrement noirs et ainsi que des vies de saints dont certaines étaient choquantes (recherchez Sainte Lydwine de Schiedam sur le web pour vous en faire une idée).
Un dernier fait est que je sais que FX a été fortement puni et a reçu une sacrée raclée pour avoir emmené sa petite sœur sur les toîts. Je me souviens avoir expliqué à mes parents que c’était ma désobéissance autant que la sienne…
Photos :
– Deux photos de moi, peut-être un an avant l’accident, devant le Nouveau Monde. J’avais atterri dans la véranda du magasin de vins et liqueurs qui se trouve à droite du café de mes parents sur ces photos.
– Rapports du Dr. Desorgher, le chirugien qui m’avait soignée à l’hôpital Saint-Antoine, à mon oncle Luc, qui était médecin et l’un de ses amis.
Translation:
I remember Friday, February 17, 1961, the day of the accident. On that day, my brother and I must have been on vacation and, left alone as usual, with no adult supervision in the backyard of the café “Le Nouveau Monde” that my parents owned in the little town of Orchies in northern France, we were playing with a ball.
At some point, the ball ended up on the roof, and we decided to climb on it to go and get it. Surprise! Once on the roof, we discovered a fascinating universe, and undertook to explore a bit of this new world, so close to “Le Nouveau Monde.”
I do not know how long we walked on the roof but we soon found a skylight over which we had to walk, and I think that we knew that this was a dangerous undertaking. My brother François-Xavier went first, and I followed him but, instead of going across the skylight horizontally, I did it vertically, and found myself on our neighbors’ porch. I had not passed out, and I heard FX ask if I was ok, and I remember answering “yes.” But, when I tried to get up, I just couldn’t do it. I had no idea that I had broken my femur.
In the meantime, alerted by the loud noise of broken glass, the neighbor had come and seen me on the floor and had immediately gone to get my parents.
My father came right away, picked me up, and laid me down on our kitchen table, where I stayed until the arrival of our family doctor (whose name I don’t remember), and my departure for the Saint-Antoine clinic, a children’s hospital that was part of the Catholic University of Lille medical complex. During the time when I was lying on the kitchen table, I remember my mother being by my side, and that I kept on saying how sorry I was, and that I was sad that my disobedience had led to her sorrow.
I know that the doctor asked me if I had fainted. He put my left leg in a splint, and I was taken in an ambulance to the hospital in Lille. There, I was attended to by Dr. Vinchon who, at the time, was an intern there. I remember his name because I was very impressed by his kindness and his gentleness (I saw him again when, as a teen, I had to be put in a body cast to remedy a bad case of scoliosis that had caused me back pains for about a year.)
That evening, my leg was set in a contraption of weights and pulleys. This was done under local anesthesia, and I barely remember any of it, except that I never felt any pain. Within the next few days, I had to have the first surgery to repair my fractured femur and insert a pin to stabilize it.
A second surgery was necessary because something had been botched in the first one (I remember being traumatized to have to undergo a second surgery.) I found myself in a cast that went from my toes to my waist. I think that I stayed at the hospital for a week to 10 days – in a large room with at least 15 other beds. My parents came to see me a few times, but not every day.
When I got out of the hospital, I went home, where I was confined to my bed for close to three months. No school, nothing. My parents had begged my parochial school to give me homework to do, but the principal and my teacher never did anything. I was then in huitième (now CM2, the equivalent of the 4th grade in the USA), and I never went back to school until June, just before the end of the school year. My parents were very displeased with this lack of action on my school’s part and decided to put me in a boarding school. I took that school’s test and was miraculously placed in septième (the equivalent of the 5th grade in the USA), in spite of the fact that I had missed roughly half of the previous school year.
The metal pin remained in my left thigh for a year and I returned to Saint-Antoine in the late spring of 1962 to have it removed. It was another surgery, and I had to « relearn how to walk » once more after it. A memory that I keep from that period of close to three months that I spent in bed is that I did tons of reading. I read just about everything, especially books that belonged to my maternal grandfather – “Tales and Legends of Flanders,” for example, many of which were particularly dark and violent, as well as the lives of a few saints, some of which were rather gruesome (look up Saint Lidwina, if you want to get an idea of what I am talking about!).
The last item is that I know that François-Xavier was severely reprimanded and spanked (which was unheard of in our household) for having taken his little sister on the roof. I remember having explained to my parents that I was as guilty as he was.
Photos:
– Two photos of me, maybe a year before the accident, in front of Le Nouveau Monde. I had landed on the back porch of the wine and liquor store on the right of my parents’ café on these photos.
– Reports from Professor Desorgher, who took care of me at the Saint-Antoine Clinic, to my uncle Luc, who was a doctor.
Je me souviens #13: les albums de Tintin
Je me souviens de l’importance que les albums de Tintin avaient pour moi quand j’étais enfant. Pour ceux d’entre vous qui ne savent pas qui est Tintin, c’est un personnage de bande dessinée créé par le dessinateur belge Hergé (de son vrai nom, Georges Remi – son nom de plume est formé des premières lettres de son nom et prénom, R et G.) Tintin est un jeune reporter et globe-trotter toujours accompagné de son fidèle compagnon Milou, un petit fox-terrier blanc.
Des personnages récurrents, dotés de personnalités beaucoup plus hautes en couleur que Tintin, apparaissent dans la plupart des albums: Le Capitaine Haddock – le meilleur ami de Tintin, qui aime trop le whiskey et profère des litanies de jurons créatifs, comiques et absolument anodins – me faisait toujours rire, je trouvais très amusants les détectives loufoques Dupond et Dupont et le professeur Tournesol, dur d’oreille et très distrait. Bien d’autres me captivaient également….
C’est en 1929 qu’Hergé avait créé Tintin, dont les premières aventures, “Tintin au Pays des Soviets,” furent tout d’abord publiées en feuilleton dans “Le Petit Vingtième,” le supplément hebdomadaire pour enfants du “Vingtième siècle,” un journal catholique conservateur. Ce premier album, publié en 1930, fut suivi de 23 autres (le 24ème, “Tintin et l’Alph-Art,” est une publication posthume qui date de 1986.)
Quand j’entrais dans l’univers de Tintin, je voyageais à travers le monde et découvrais les Etats-Unis (“Tintin en Amérique,”), l’Egypte (“Les Cigares du Pharaon,” que je trouvais du reste effrayant), l’Amérique du Sud (“Le Temple du Soleil” et “l’Oreille Cassée”), la Chine (“Le Lotus Bleu”) ou le Tibet (“Tintin au Tibet.”) Et Hergé me permit aussi de voir Tintin et ses comparses conquérir l’espace et leur fusée se poser sur la lune bien avant le module lunaire de Neil Armstrong et compagnie (“Objectif Lune” et “On a Marché sur la Lune.”) Et je suis, bien sûr, consciente du fait que la représentation des Africains par Hergé dans “Tintin au Congo” comme des êtres naïfs et primitifs fut vivement critiquée beaucoup plus tard.
Mon album préféré de Tintin était “Le Sceptre d’Ottokar,” dont l’intrigue se situe dans un pays imaginaire de l’Europe de l’Est, la Sylvanie, où Tintin arrive à prévenir un coup d’état de fascistes. Je me souviens que je dessinais le portrait du roi de Sylvanie, Muskar XII, et que j’essayais de capturer tous les détails de son vêtement d’apparat. En effet, quand j’avais environ huit à dix ans, j’admirais la “ligne Claire” du dessin d’Hergé et son immense souci du détail, et je m’évertuais à recopier mes vignettes préférées des albums de Tintin. A l’époque, je me voyais déjà créatrice de BD, ce qui ne devait, hélas, jamais se produire.
Une note finale: Mon frère et moi avions une collection complète des albums de Tintin. Quand nous avions 13 ou 14 ans, désireux de nous faire un peu d’argent, nous avions décidé de la vendre. Ma mère la vendit, pratiquement immédiatement, à un collectionneur qui, je n’en doute pas, savait qu’il faisait une très bonne affaire. J’ai depuis reconstitué toute ma collection de Tintins.
En 2015, j’ai eu la chance de visiter le musée Hergé près de Bruxelles, et ce fut un moment inoubliable pour moi.
Photos:
I remember how important Tintin albums were for me when I was a child. For those of you who do not know who Tintin is, he is a comic strip character created by the Belgian artist Hergé (his real name is Georges Remi – his pen name is formed with the first letters of his last and first names, R and G.) Tintin is a young reporter and globe-trotter, always accompanied by his faithful companion Milou (Snowy in the English translation of the albums), a small white fox-terrier.
Je me souviens #12: de l’été 1961
Chenonceau
Chambord
Je me souviens de l’été 1961, où l’histoire de France est devenue vivante pour moi.
J’avais presque 9 ans, et je ne sais pas exactement pourquoi, mais cette année-là, j’avais eu le privilège:
– de prendre des vacances à la mer (à Quend-Plage-les-Pins, dans la Somme) seule avec ma mère,
– et aussi dans la vallée de la Loire, seule avec mon père.
Peut-être était-ce parce que, en février 1961, je m’étais fracturé le fémur assez sérieusement (mais ça, c’est pour un autre “je me souviens…”) et que j’avais passé environ trois mois au lit.
C’est au cours de ce voyage avec mon père que je devais découvrir les châteaux de la Loire dans toute leur splendeur, et chaque château que nous avions visité m’avait fortement impressionnée:
– L’échelle surhumaine de Chambord, ses nombreuses tours et cheminées, et son escalier à double spirale;
– Blois, son escalier extérieur et sa statue équestre de Louis XII;
– Amboise et sa chapelle gothique dans laquelle se trouve la tombe de Léonard de Vinci,
– sans oublier le Clos Lucé, qui avait été sa résidence;
– Chenonceau et sa superbe gallerie au-dessus du Cher;
– Le château de Loches et son donjon; et Cheverny et sa meute de chiens de chasse!
Mais ce sont les moments historiques liés à ces châteaux qui me passionnèrent le plus.
– La mort accidentelle du roi Charles VIII après s’être cogné la tête sur le linteau d’une porte assez basse au château d’Amboise;
– la mort du roi Henri II dans un tournoi, à la suite de laquelle sa femme Catherine de Médicis força sa favorite, Diane de Poitiers, à lui restituer Chenonceau et aller vivre au château beaucoup moins désirable de Chaumont;
– La “chambre des secrets” du château de Blois, dans laquelle Catherine de Médicis – décidemment une bien vilaine personne – cachait ses poisons;
– et l’assassinat du duc de Guise, orchestré par le roi Henri III, raconté avec force d’effets dramatiques par un guide particulièrement doué pour le théâtre;
– le sadisme légendaire roi Louis XI (certainement une invention d’historiens affabulateurs), qui enfermait ses ennemis dans des cages en fer connues sous le nom de “fillettes.”Je n’oublierai jamais ce voyage, juste un père et sa fille, voyageant à travers l’histoire.
Photos:Je n’ai aucune photo originale de ce voyage. Mais j’ai visité Amboise et Chenonceau chaque été quand j’ai dirigé le programme de Pitt à Nantes de 2014 à 2019, et je suis allée à Chambord avec des amis en 2016.
Amboise
Chenonceau
Chambord
Translation
I remember the summer of 1961 when French history came to life for me.
I was nearly 9 years old, and I do not know exactly why, but that year, I was privileged:
– to be able to have a vacation at the beach (Quend-Plage-les-Pins in the Somme Department) alone with my mother,
– and also in the Loire Valley, alone with my father.
Maybe it was because, in February 1961, I had suffered a serious fracture of my femur bone (but that one is for another “Je me souviens…”) and had been confined to my bed for about three months.
It is during that trip with my father that I discovered the Loire Valley castles in all of their splendor, and each one that we visited made a huge impression on me:
– The superhuman scale of Chambord, its many towers and chimneys, and its grand double spiral staircase;
– Blois, its exterior spiral staircase and its equestrian statue of Louis XII;
– Amboise and its gothic chapel in which Leonardo da Vinci is buried, without forgetting the Clos Lucé, which was his residence;
– Chenonceau and its splendid gallery over the Cher river;
– The castle of Loches and its keep; and Cheverny and its team of hunting dogs.
But it was the historical moments tied to these castles that fascinated me the most.
– The accidental death of king Charles VIII, after he had hit his head on the lintel of a door; the death of kind Henri II in a tournament, after which his wife Catherine de Medici made his mistress, Diane de Poitiers, return Chenonceau to her and move to the much less desirable castle of Chaumont; the “secret chamber” in the castle of Blois, where Catherine de Medici – definitely a very evil woman – hid her poisons;
– and the assassination of the Duke of Guise, orchestrated by king Henri III, narrated most dramatically by a tour guide particularly gifted for theater;
– and the legendary sadism of kind Louis XI (most likely an invention of historians fond of telling tall tales) who locked up his enemies in iron cages known as “fillettes” (literally, “little girls.”)
I will never forget this trip, just a father and his daughter, traveling through history. Photos: I have no original photos of this trip. But I did visit Amboise and Chenonceau every summer while directing the Pitt in Nantes program from 2014 to 2019, and went to Chambord with friends in 2016.
Amboise
Chenonceau
Chambord
Je me souviens #11: de ma première “rencontre” avec les Beatles
Je me souviens de ma première “rencontre” avec les Beatles.
Ca devait être au début de l’année 1964. C’était un dimanche et ma famille, qui habitait alors La Madeleine, dans la banlieue de Lille passait l’après-midi, comme nous le faisions presque chaque weekend, chez ma tante Monique et mon oncle Louis à Marcq—en-Baroeul, à environ 5 km de chez nous. Ma grand-mère maternelle habitait chez eux, et c’est surtout pour la voir que nous leur faisions cette visite hebdomadaire.
Ce jour-là, mes trois cousins – Luc, Jean et Bruno, tous à peu près de l’âge de mon frère et moi, nous avions alors tous de 13 à 10 ou 11 ans – étaient impatients de nous faire écouter le dernier 45 tours qu’ils venaient d’acheter: “I Want to Hold Your Hand,” des Beatles.
Je savais qui étaient les Beatles mais, jusque là, je n’avais jamais entendu leur musique.
Je ne sais pas pourquoi, mais c’est dans leur garage que se trouvait le tourne-disque valise sur lequel on plaça alors le 45 tours en question. Et ce fut un coup de foudre instantané. Le riff d’intro quelque peu métalique, à la fois simple sophistiqué et le “Oh yeah,” explosif, emblématique des débuts du rock anglo-saxon, me firent une impression toute nouvelle pour moi.
Les harmonies de John Lennon et Paul McCartney, leurs accords de guitare, le rythme énergique soutenu par le jeu de batterie de Ringo Starr, de tout cela émanait une intensité et une passion que je n’avais alors perçues dans aucune musique qui m’était familière (je ne connaissais absolument pas la musique des pionniers du rock Américain tels que Jerry Lee Lewis, Elvis Presley ou Little Richard.)
Cet après-midi-là, nous avons joué “I Want to Hold Your Hand” en boucle au moins quelques dizaines de fois (je ne sais pas du tout quells autres chansons étaient sur ce disque). Nous n’avions aucune idée de ce que les paroles de cette chanson pouvaient être et signifier, mais la beauté du rock anglais et américain de ma pré-adolescence et de mon adolescence était qu’il transcendait tout barrière linguistique.
Ma passion pour le rock britannique ou en provenance des USA ne fit que s’accroître et ne devait jamais me quitter. Elle me poussa même à vouloir maîtriser la langue anglaise. Sans lui, je ne serais peut-être pas là où je suis maintenant…. Et j’adore toujours les Beatles!
Photos: Le disque des Beatles avec “I Want to Hold Your Hand,” édition française. Un tourne-disque comme celui sur lequel nous avions écouté ce disque.
Translation
I remember my first “encounter” with the Beatles. It had to be in early 1964. It was on a Sunday, and my family, who lived in La Madeleine, in the suburbs of Lille in France, was spending the afternoon, as we did nearly every weekend, at the house of my aunt Monique and my uncle Louis, in Marcq-en-Baroeul, just about 3 miles from our home. My paternal grandmother lived with them, and it is mostly to see her that we would make this weekly visit.
On that day, my three cousins – Luc, Jean and Bruno, all roughly the same age as my brother and me, we were all anywhere from 13 to 10 or 11 years old – were impatient to make us listen to the last 45 rpm record that they had just bought: “I Want to Hold Your Hand,” by the Beatles.
I knew who the Beatles were but, until then, I had never heard their music.
I do not know why, but it is in their garage that was the suitcase record-player on which we put that 45 rpm record. And it was instant love at first sight. The somewhat metallic intro riff and the explosive “Oh yeah,” emblematic of the early days of anglo rock & roll, made a completely new impression on me. John Lennon and Paul McCartney’s harmonies, their guitar chords, the energetic rhythm kept by Ringo Starr’s drumming, all of this exuded an intensity and a passion that I had never before perceived in any music familiar to me (I did not know at all the music of rock & roll pioneers such as Jerry Lee Lewis, Elvis Presley, or Little Richard.)
That afternoon, we played “I Want to Hold Your Hand” on loop, at least a few dozen times (I have no clue what other songs were on that record.) We had no idea what the lyrics of this song could be or meant, but the beauty of the English and American rock & roll of my pre-teen and teen years was that it transcended any linguistic barrier.
My passion for British or American rock & roll only grew and never left me. It even led me to want to master the English language. Without it, I would probably not be where I am now…. And I still love the Beatles!
Photos: The Beatles’ record with “I Want to Hold Your Hand” on it, French edition. A record player similar to the one on which we listened to this record.
Je me souviens #10: des pique-niques de bord de route
Je me souviens des pique-niques de bord de route que nous faisions en famille pendant nos vacances d’été.
Tous les étés, de 1962 à 1970, ma famille passait un mois de vacances en Haute-Savoie, la première année dans le hameau de Publier, près d’Évian et les années suivantes, à Saint-Germain sur Talloires qui surplombe le magnifique lac d’Annecy.
Nous passions nos vacances près d’Annecy parce que nous pouvions loger gratuitement dans une maison qui était la résidence secondaire de mon oncle, qui était l’évêque de ce diocèse. Ces maisons étaient loin d’être luxueuses, mais mes parents n’auraient probablement pas pu nous payer de telles vacances s’il avaient dû louer une villa.
Un jour par semaine, nous faisions une randonnée en voiture qui nous emmenait vers des sites pittoresques de la région ou d’autres villes telles que Chambéry ou Genève. Un élément important de ces excursions était le pique-nique que nous faisions sur une aire de repos au bord de la route. Celui-ci était toujours assez élaboré: Mon père était à l’époque chef de cuisine et prenait tous nos repas très au sérieux. Notre déjeuner bucolique consistait donc toujours, comme tout repas français digne de ce nom, d’un hors-d’oeuvre (une salade de tomates, par exemple), un plat principal (on emportait souvent un poulet rôti préparé la veille), du fromage et un dessert (en général, un fruit) – le tout arrosé d’une canette de bière et de vin rouge.
Parfois, mon père faisait cuire des steaks dans une poêle, sur un réchaud portable. Nous embarquions tout ces aliments dans un sac isotherme, sans oublier, bien entendu, la table et les chaises pliantes, une nappe et des serviettes de table (en tissu, pas en papier!), de “vraies” assiettes, couverts, verres, et tasses pour le café qui était dans un thermos. Ce que je redoutais le plus, c’est que le plat principal de notre pique-nique soit une salade niçoise, parce que je détestais les poivrons crus que celle-ci contenait (je les digère mal et les déteste encore maintenant.) Et pourtant, jamais je n’eus le courage de dire à mon père que je n’aimais pas sa salade niçoise, parce que je ne voulais pas le vexer.
Photos:
Mon père, en train de préparer l’un de ses pique-niques légendaires, puis au repos après ce repas. Photo prise non pas entre 1962 et 1970, mais au cours de vacances que mes parents avaient prises à Pornichet, sur la côte Atlantique en 1979.
Translation
I remember my family’s roadside picnics during our summer vacations. Every summer, from 1962 to 1970, my family would spend a month in Haute-Savoie (in the Alps), the first year in the hamlet of Publier, near Évian and, in the subsequent years, in Saint-Germain sur Talloires, located above the magnificent Annecy lake. We would spend our month-long vacations near Annecy because we could stay in a house that was the summer residence of my uncle, who was the bishop of that diocese. These houses were far from luxurious, but my parents would probably not have been able to afford such vacations if they had to rent a villa.
One day each week, we would go on a road trip that took us to picturesque places or other cities like Chambéry or Geneva. An important element of those excursions was our roadside picnics. These were always quite elaborate: My father was a chef at the time, and took every meal very seriously. Our country picnic would thus always include – as any decent French meal should – an appetizer (a tomato salad, for example), a main course (often a chicken roasted on the previous day), cheese, and a dessert (generally, a piece of fruit.) All of this accompanied by a 25 cl bottle of beer and some red wine.
Sometimes, my father would fry steaks in a pan on a portable stove. We would pack all of this food in an insulated bag, without forgetting, of course, the folding table and chairs, a tablecloth and napkins (cloth, not paper!), “real” plates, silverware, glasses, and cups for coffee, which was brought in a thermos bottle. What I feared the most was that the main picnic course would be a salade niçoise because I hated the raw peppers that were in it (I do not digest them well, and still hate them to this day.) Yet, I never had the nerve to tell my father that I did not like his salade niçoise because I did not want to offend him.
Photos:
My father, preparing one of his legendary picnics, and then resting a bit after that meal. Photo not taken between 1962 and 1970, but during a vacation that my parents took in Pornichet, on the Atlantic coast, in 1979.
Je me souviens #9: de la ville d’Évian
Devant cette maison, où ma famille avait passé un mois pendant l’été 1962, il y avait une fontaine avec une source naturelle d’eau dont nous étions certains qu’elle était pratiquement la même que l’eau d’Évian – tout comme celle que vous avez peut-être un jour acheté à votre supermarché. Cette source versait continuellement son eau dans un énorme bassin de pierre et cette eau était glacée. En fait, mes parent faisaient refroidir des bouteilles de vin blanc dans ce bassin d’eau glacée en les y laissant pendant quelques heures. Nous remplissions également un pichet de cette eau que nous buvions avec notre déjeuner ou notre dîner.
L’eau d’Évian qui, comme le disait la publicité, “vous fait respirer à 3000 mètres,” est toujours restée depuis mon eau minérale préférée, probablement pour des raisons sentimentales.
Photos:
Translation:
Photos:
Je me souviens #8: l’air de ma ville natale de Marcq-en-Baroeul
- – La chocolaterie Delespaul-Havez. (The Delespaul-Havez chocolate factory.)
- – Un Carambar. (A Carambar.)
Je me souviens des effluves qui imprégnaient l’air de ma ville natale de Marcq-en-Baroeul (dans la banlieue de Lille, France – où j’ai habité de ma naissance en 1952 jusqu’en 1959, puis de 1968 à 1975, sauf pour une interruption d’une année aux USA, en 1973-74.)
Celles-ci provenaient de deux sites industriels de natures très différentes et l’une ou l’autre prédominaient selon la direction du vent. Certains Marquois pouvaient prédire le temps qu’il ferait sur leur perception olfactive du jour.
- La première était une forte odeur de levure, qui émanait de l’usine Lesaffre, située au 137, rue Gabriel Péri (je suis née au 41 de cette rue, et le magasin de fleurs de ma mère était juste en face de cette usine). C’est aussi à cette adresse que se trouve le siège social de la Société multinationale Lesaffre qui, selon son site internet, est un “acteur majeur mondial de la fermentation depuis plus d’un siècle.” Loin d’être voisin de l’arôme plaisamment fruité du pain au levain, cette odeur était proche de celle des oeufs pourris.
- La deuxième était un parfum de caramel – parfois tellement intense qu’il en devenait écoeurant – qui provenait de la chocolaterie Delespaul-Havez, qui se trouvait à juste 1,4 km au sud de l’usine Lesaffre. C’est dans ces locaux qu’était produit le célèbre Carambar (Carambar est un mot-valise composé de “caramel” et “barre”).
Je ne raffolais pas de sucreries quand j’étais gamine, mais j’achetais de temps en temps un Carambar pour 5 centimes à la boulangerie où nous achetions notre pain. Et je suis encore fière du fait qu’une confection aussi légendaire que le Carambar soit originaire de ma ville natale!
L’usine historique de Carambar de Marcq-en-Baroeul a fermé ses portes en novembre 2020 et sa production a été alors transférée à une usine de Bondues (à une distance de 8 km de son site originel). Ce fut alors la fin de toute une époque – bien qu’il semble que le Carambar aura encore une longue vie.
Translation:
I remember the smells that permeated the air of my native town of Marcq-en-Baroeul (in the suburbs of Lille, France – where I lived from my birth in 1952 to 1959, and also from 1968 to 1975, except for a one-year hiatus in the USA, in 1973-74.)
These scents came from two very different industrial sites, and one or the other would prevail, depending on the direction of the wind. Some inhabitants of Marcq-en-Baroeul could predict the weather based on their olfactory perception of the day.
- The first one was a pungent smell of yeast, which came from the Lesaffre factory, located at 137 rue Gabriel Péri (I was born at number 41 on that street, and my mother’s flower shop was right across the street from it.) It is also at this address that is located the headquarters of the multinational Lesaffre Corporation which, according to its website, has been “a key global player in fermentation for a century.” Far from being akin to the pleasantly fruity aroma of sourdough bread, this smell was close to that of rotten eggs.
- The second one was a caramel scent – at times so intense that it became nauseating – emanating from the Delespaul-Havez chocolate factory, located just a mile south of the Lesaffre factory. It is there that the famous Carambar was produced.
I was not overly fond of sweets when I was a kid, but I would occasionally buy a Carambar for 5 centimes at the bakery where we bought our bread. And I am still proud of the fact that such a legendary candy bar originated in my hometown!
The historical Carambar factory in Marcq-en-Baroeul shut down in November 2020, and its production was transferred to a factory in the town of Bondues (5 miles from its original site.) This marked the end of an era – although it seems that the Carambar is here to stay.
Photos:
– L’usine Lesaffre de Marcq-en-Baroeul. (The Lesaffre factory in Marcq-en-Baroeul.)
– La chocolaterie Delespaul-Havez. (The Delespaul-Havez chocolate factory.)
– Un Carambar. (A Carambar.)
Do these memories pique your interest or anything in your memory? Or if you have questions please ask Elisabeth in the comments below.
If you are a French language student – please join Judy MacMahon as she uses my memories as a study exercise. Which vocab or grammatical points or expressions are unfamiliar to you? Please share in the comments below.
This series began here “Je me souviens” #1-#7
And here you’ll find “Je me souviens” #8-#14
To discover “Je me souviens” #15-#18, you’ll discover it here
Oh Elisabeth, I’m still loving your memories… they are so rich with French culture and mixed with typical childhood antics!
Je me souviens #14:
1. *Délaisser *- verbe:
I’m interested that this word can have a sense of both relaxing and neglected. I see abandoned, neglected as the definition but then the adj. ‘déglassant/e’ is defined as relaxing. I also recognise ‘Laisser’ as the stem of the word… Pouvais-tu m’éclater ma lanterne ? Merci d’avance 🙂[This is the sentence: Ce jour-là, mon frère et moi devions être en vacances et, délaissés, comme d’habitude sans aucune surveillance dans la cour du café “Le Nouveau Monde” que tenaient mes parents dans la petite ville d’Orchies, dans le nord de la France, nous y jouions au ballon.] 2. Dans l’intervalle – meanwhile
3. accourir – verbe: I haven’t used this verb before… I see the root is ‘courir’ – useful thanks.[ usually conjugated with être — to rush up (à, vers to)
4. une sacrée raclée – nf – interesting word ‘raclée’ -> a spanking. hiding, thrashing and figuratively useful – il a pris une bonne raclée aux elections – he got a good thrashing in the elections.
Je me souviens #13:
1. Une commentaire seulement : “Tintin, c’est un personnage de bande dessinée créé par le dessinateur belge Hergé (de son vrai nom, Georges Remi – son nom de plume est formé des premières lettres de son nom et prénom, R et G.) ” – Je n’ai jamais su cela – merci
2. loufoque – adj – zany
Je me souviens #11:
1. Une commentaire suelement: Tu a dis “Je ne sais pas pourquoi, mais c’est dans leur garage que se trouvait le tourne-disque valise sur lequel on plaça alors le 45 tours en question” – A cette époque, je pense qu’il était normal que les adolescents s’échappent dans le garage pour plus d’intimité. Je pense aussi que les parents voulaient « ce bruit » à l’intérieur de la maison…
I must compliment you! These little memories are gold. Reading french about different topics like this… topics which are well beyond my normal French conversation really helps my French – merci mille fois.
Judy
Délaisser – signifie le plus souvent “abandonner.” Voir le Trésor de la Langue Française Informatisé:
http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv5/visusel.exe?12;s=3442664985;r=1;nat=;sol=1;
Thank you, Elisabeth, I guess in English we’d say left alone, (as you say in your comment) or left to our own devices/means, rather than abandoned which sounds severe and permanent 😉