Interview : Mia Hansen-Løve – Réalisatrice – Part 1

7046350257_fd83bed95cMia Hansen-Løve, à 31 ans votre parcours cinégraphique est très avancé.

Vous avez réalisé trois longs métrages : « Un amour de jeunesse » en 2011 ; « Le père de mes enfants » en 2009, pour lequel vous avez eu  le prix spécial du jury à Cannes dans la catégorie « Un Certain Regard », ainsi que le prix du meilleur film étranger de la part du Film Critics of Australia Awards ; « Tout est pardonné » en 2007.

Vous avez écrit les scenarii de vos deux derniers films.

Vous avez également joué en tant qu’actrice dans les films du réalisateur Olivier Assayas : « Les destinées sentimentales » en 2000 et « Fin août – début septembre » en 1998.

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Comment êtes-vous arrivée si jeune dans le monde du cinéma ?
En fait, ce qui a été le départ de mon rapport avec le cinéma, c’est le rôle que j’ai obtenu par hasard à 17 ans dans un film d’Olivier Assayas. J’étais au lycée, élève d’un cours de théâtre, je n’avais pas tellement d’idées sur ce que je voulais faire plus tard. Je savais ce que je ne voulais pas faire mais ne savais pas ce que je voulais faire. Ceci est d’ailleurs une réplique de mon premier film. Je n’en savais pas beaucoup plus sur mon avenir. Je n’avais pas l’intention de devenir comédienne mais la pratique du jeu était quelque chose de très important et libératoire dans ma vie.

Je me suis donc retrouvée à ce casting grâce à mon professeur de théâtre. J’ai eu une aisance et un naturel que je crois n’avoir jamais retrouvés par la suite. Je crois vraiment que c’est le destin, il y avait comme une évidence à être dans ce film, dans cette rencontre et dans cette découverte du cinéma. Je savais que cela devait jouer un rôle important dans ma vie et que c’était quelque chose que je devais saisir absolument.

Cela a été quelque chose de naturel et de fait, c’est une expérience qui a marqué un avant et un après dans ma vie. Je crois que cela va bien au-delà de l’expérience d’actrice ; je n’ai jamais eu la vocation de devenir une actrice professionnelle. Par la suite, je n’ai pas beaucoup rejoué mais la découverte du monde du cinéma, du pouvoir de la fiction à cet âge là ont été bouleversants. Cela a opéré un changement radical dans mon rapport au monde. Quelques années plus tard, lorsque je faisais mes études, le désir de revenir à cette expérience s’est affirmé assez vite. Parallèlement, l’écriture était tout pour moi. Tout cela s’est mué en désir de faire des films, en devenant cinéaste et en écrivant mes propres films.

Votre nom d’actrice Mia Hansen-Løve est original, atypique pour une Française, ce nom a-t-il une histoire particulière ?
C’est un nom danois, c’est le nom du père de mon père, seul Danois de la famille. Mia Hansen-Løve n’est pas un pseudonyme. Au départ, il y avait une famille Hansen et une famille Løve. Løve signifie union en danois. Ce n’est pas du tout original au Danemark et Hansen l’est encore moins. J’ai hérité de ce nom qui m’a aidé d’une certaine manière. Comme il est assez original en France, les gens s’en souviennent. Pendant longtemps, je l’ai trouvé embêtant car jamais personne n’arrivait à l’écrire. Depuis que je fais des films, je le trouve assez utile.

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Qu’est-ce qui détermine une idée de film, comment cela germe-t-il dans votre tête ?
Je crois que cela est lié avec là où l’on en est dans sa propre vie et avec les besoins que l’on a par rapport à l’écriture. Où est l’inspiration ? Ce sont des choses mystérieuses qu’il est difficile de résumer ici en quelques mots mais qui ont à voir avec notre vie et l’expérience des films précédents. Dans certains cas, le film que l’on vient de faire crée de nouveau désirs. D’ailleurs c’est la raison pour laquelle je trouve bien difficile d’écrire le scénario d’un prochain film avant d’avoir réalisé celui d’avant, parce que c’est vraiment l’instinct du tournage qui modifie mon inspiration et définit le film d’après.

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Êtes-vous inspirée, voire influencée par des réalisateurs français et/ou étrangers ?
Bien sûr, comme tous les cinéastes je suis inspirée voire influencée par beaucoup d’autres cinéastes français et étrangers. Je crois faire partie d’une certaine tradition, d’une certaine culture, j’espère d’une certaine modernité qui a été inventée par la Nouvelle Vague et dans les valeurs de laquelle je me reconnais totalement. Néanmoins, quand j’écris, ce n’est jamais par rapport à un cinéma de référence. Il peut y avoir des influences qui sont inconscientes, une manière de s’exprimer qui est en partie héritée de la modernité française, de la liberté, d’une certaine légèreté notamment dans le travail avec les acteurs, l’écriture de dialogue. Je ne suis jamais dans un mode de référence volontaire. Il y a tellement de cinéastes qui comptent pour moi, que cela serait arbitraire d’en citer.

Vos films voyagent, vous avez différents publics, vos films sont-ils perçus différemment en fonction de la culture d’un pays ou selon les pays ?
Oui complètement, bien sûr. De manière générale, mes films ne sont pas du tout perçus de la même manière en France et dans le reste du monde. En France, le regard sur les films est très particulier parce que le monde du cinéma français est un tout petit monde. Il y a quelque chose qu’on le veuille ou non d’un petit peu incestueux dans la circulation des idées, que cela soit des journalistes entre eux, des cinéastes, auquel il est difficile d’échapper. On se sent parfois involontairement prisonnier. On a le sentiment que les films sont parfois otages d’un mode de pensée sur le cinéma, d’un certain état d’esprit.

C’est peut être aussi le cas dans d’autres pays mais comme j’ai moins l’habitude de cet état d’esprit, comme ce sont des territoires inconnus, j’ai plus de plaisir dans la réception des films à l’étranger. J’ai l’impression que le regard sur les films est plus pur, vierge, moins influencé par la connaissance que les gens ont de moi par mes films précédents ou par les films dans lesquels j’ai joué.

Thank you Mia for taking the time to speak to us at My French Life™. We’ve enjoyed getting to know more about you and your movies.

In Part 2 of the interview, Mia talks about her latest movie. Read it here.

Image credits:
1. Mia Hansen-Løve, via quinzaine-realisateurs.com
2. « Fin août – début septembre » (1998), via cinema.jeuxactu.com
3. « Le père de mes enfants » (2009, via rfi.fr
4. Front page of the book ‘La Nouvelle Vague’, via Fnac.com

About the Contributor

Judy MacMahon

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