Paris vu par la Nouvelle Vague

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La France des années 1960 connaît une véritable révolution cinématographique. Issus de la jeune et fraîche génération parisienne, les cinéastes du courant qu’ils nomment ‘Nouvelle Vague’ troublent le cinéma français d’après-guerre. Ceux-ci donnent à Paris une toute nouvelle dimension, originale et personnelle. 

Du studio à la lumière du jour

Le cinéma français a longtemps eu pour tradition de filmer en studio. Ainsi, Paris apparaissait de façon reconstruite et quelque peu clichée. Par ailleurs, pendant la guerre, le cadre parisien était difficilement adaptable à l’écran. Et cette image était d’autant plus difficile pour le public français qui désirait s’échapper de la triste réalité du quotidien.

Se réunissant autour des ‘Cahiers du Cinéma’, les futurs cinéastes de la ‘Nouvelle Vague‘, d’abord théoriciens, s’aperçoivent de la fausseté du cinéma de studio.

Puis, pour des raisons économiques et profitant de la technologie émergente, ils décident de se libérer des contraintes imposées par l’esthétique de l’époque. C’est alors que les pellicules ultrasensibles permettent de filmer la nuit en milieu urbain et que de nouvelles caméras légères prennent place pour filmer dans la rue. En 1958, dans ‘Ascenseur pour l’échafaud’, Louis Malle expérimente pour la première fois ces nouvelles technologies.

S’ensuit dès lors une série de films expérimentaux, représentatifs de l’effervescence parisienne qui donnent au spectateur une impression réaliste de la ville. Celle-ci est désormais banalisée et non plus enjolivée, dramatisée ou erronée.

La capitale française comme décor

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La ‘Nouvelle Vague’ donne ainsi une nouvelle vision de Paris : l’opérateur, la caméra sur l’épaule, se balade dans les rues de la capitale française et accompagne les acteurs. Souvent, l’effort vers l’authenticité voulue par les cinéastes permet une approche documentaire des lieux, des corps, et de tout ce qui tombe sous l’objectif.

Dans ‘À Bout de Souffle’, Jean-Luc Godard présente Paris sous forme de reportage. Son souci du réalisme se traduit par une multitude de plans de coupe sur l’architecture parisienne, les rues passantes, les terrasses de cafés et les monuments historiques.

La bande sonore retransmet parfaitement les bruits extérieurs, tels que les klaxons, les moteurs, les freins, les sirènes de police et autres agressions sonores urbaines. Nous sommes plongés dans un univers moderne dévoilant une nouvelle facette de la ville.

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Paris est rendu énigmatique par la caméra de Rivette dans ‘Paris nous appartient’, théâtre de drames et fantasmes qui nous montre diverses facettes et quartiers de la capitale française.

De même, Eric Rohmer, débutant dans ‘Le Signe du Lion’, conçoit Paris comme une carte de jeu, où commencent et se terminent toutes les histoires.

Paris comme lieu de vie

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C’est François Truffaut essentiellement, avec ‘Les Quatre-Cent Coups’, qui nous fait voir la réalité quotidienne de Paris. On observe l’évolution d’Antoine Doinel, qui, avec son ami René, sèche les cours pour s’abandonner à d’autres distractions, entre errance dans la ville, lecture et séance de cinéma.

Cette fois-ci, le film de Truffaut témoigne d’un Paris émouvant et magnifié se mêlant à la vie bouleversante de son personnage, interprété par Jean-Pierre Léaud. Son cinéma reflète une vérité touchante qui fait de Paris un lieu de vie fidèle et familier, en lui redonnant toute sa splendeur.

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Quant à Agnès Varda, dans ‘Cléo de 5 à 7’, elle nous fait profiter des petits riens de Paris à travers le regard une jeune parisienne.

Paradoxalement, comme pour donner une touche finale à la première vague de ce mouvement en expansion, ‘Paris vu par…’ est l’œuvre résultant du travail de six réalisateurs (Claude Chabrol, Jean Douchet, Jean-Luc Godard, Jean-Daniel Pollet, Eric Rohmer et Jean Rouch) en 1965. Ils en reviennent au fondement de la Nouvelle Vague et offrent au spectateur six visions personnelles de la capitale française sous forme de six courts métrages, en décor naturel, bien entendu.

Et vous, quel est votre film préféré de la ‘nouvelle vague’?

Crédits images :
1.The 400 Blows Jean-Pierre Leaud via Wikimedia.
2. Ascenseur pour l’échafaud, de Michaelrogers via flickr.
3. Jean-Luc Godard at Berkeley, 1968, via Wikimedia.
4. À bout de souffle, by Swan of Kennet via flickr.
5. Affiche des Quatre-cent coups.
6.Cléo de 5 à 7 de poppet with a camera via flickr.

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Laure Van Ruymbeke

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