Une Australienne à Paris : la saga de Susan en 1975 – Partie 2
Les restes de mon cynisme d’adolescente avaient eu raison de la fascination des étrangers induite par la France et son air romantique.
Cependant, après avoir discuté avec Susan Bromley la vie d’une Australienne à Paris et pleuré la fermeture de Caketown (boulangerie de Newtown où étaient faits les meilleurs croissants de l’ouest de Sydney), je commence à comprendre.
Une fois quittée, la France vous laisse, au mieux soulagé ou satisfait, au pire comme un amoureux transi forcé d’établir une frustrante relation longue-distance.
Click here to read this article in English.Les années 70, de la France à l’Australie
Après mai 68, la France faisait face à des changements sociopolitiques considérables et voyait s’épanouir de nouveaux mouvements sociaux contestataires. Le MLF, le mouvement féministe le plus radical, entrait dans la lutte pour le droit à la contraception et à l’avortement libres et gratuits.
Pendant ce temps, dans le Pacifique, « la révolution sexuelle avait en quelque sorte atteint l’Australie, mais seulement en quelque sorte. Tu sais, les hommes étaient les hommes, et les femmes connaissaient leur place. »
Susan Bromley est originaire de Tamworth, un village de l’outback de la Nouvelle-Galles du Sud, qui était à l’époque « si WASP et bien-pensant ».
C’est ce qui l’a attirée en France: « J’avais juste envie d’embrasser tout ce qui n’était pas ça. »
Le Far West à Paris, ou comment vraiment jouer au cow-boy en France
En France, Susan travailla comme fille au pair. D’abord à Rueil-Malmaison, puis, après un séjour dans le studio d’Abbesses, elle vécut avec une famille dans le 7ème, proche du musée Rodin.
Susan a toujours pensé que il était bon pour les enfants de pouvoir gambader dans un jardin. Toutefois, Paris, contrairement à l’Australie, fait face à une densité de population un chouïa plus élevée, et beaucoup d’enfants (dont ceux qu’elle gardait dans le 7ème) sont élevés entre quatre murs.
Susan eut alors une chouette idée :« J’ai découvert que les directeurs du musée Rodin avaient un accord où ils autorisaient les enfants qui vivaient dans le quartier autour du musée à aller dans le jardin gratuitement. Le petit garçon adorait Lucky Luke, donc on se déguisait en cow-boys. Les gens à l’entrée nous connaissaient, et alors on se mettait à courir tout droit à travers l’entrée et dans le jardin, et on s’amusait tellement là-bas. C’était vraiment bien. »
La mélodie française du métro parisien
Personnellement, je n’ai jamais considéré descendre dans les entrailles de Paris pour prendre le métro, entassée avec tout un tas d’individus, dans la moiteur et les exhalaisons étouffantes, comme le truc sympa à faire en France.
Le visiteur en goguette ne se laisse pas abattre par de si minables excuses. Puisqu’il vadrouille avec un œil aussi neuf que celui d’un nourrisson, il sait déceler la poésie même dans les sombres recoins du métro parisien.
Susan raconte : « J’en suis venue à savoir où toute la chouette musique était jouée parce que, tu sais, il y a beaucoup de musiciens de rue dans les tunnels et tout ça. Et, alors, lorsque j’allais d’un endroit à un autre, si je savais qu’il y avait des musiciens le long de cet itinéraire, je m’autorisais toujours une demi-heure supplémentaire pour que je puisse écouter la musique et, tu sais, leur donner un peu d’argent. Parce que ça rendait le voyage absolument génial. »
Pour Susan à 20 ans, l’idée de voyager en France « était comme mourir et aller au paradis ». (Prononcé sans exagération aucune.) « Et je marchais dans cette ville avec les yeux grands ouverts et avec cette joyeuse expression sur mon visage, car je pensais que j’étais dans le meilleur endroit au monde. »
Lisez la première partie de l’interview de Susan ici, et découvrez les origines de ses aventures parisiennes.Et vous? Comment êtes-vous tombé amoureux de Paris? Partagez vos expériences dans les commentaires ci-dessous!
Crédits images :1. Paris… je t’aime, via our-truesecret.blogspot.com
2. Les pavés contre les gaz lacrymogènes : affrontement des étudiants français et de la police, rue Saint-Jacques, lors des événements de mai 68, via universalis.fr
3. Les Portes de l’Enfer, derrière le jardin aux roses au musée Rodin, via musee-rodin.fr
4. Musiciens dans le métro, par Thomas Claveirole, via flickr.com